
bouche et se transmettent promptement d’un
bout du Royaume à l’autre ( i) .
C’est un mal que de tels préjugés aient
passé de l’Angleterre sur le Continent, et que
les nations de l’Europe se soient accoutumées
à former leur opinion sur le peuple écossais
d’après le jugement des Anglais. Mais
c est un mal plus grand encore que ces préjugés
aient pénétré par fois jusques dans
1 Ecosse elle-même. Qu’on ait vu des Ecossais
éblouis par la splendeur et le luxe de
la métropole, préférer à la vie plus calme
et plus régulière de leur pays natal, les plai—
( 0 Voyez Journey to the western Highlands by
D r S. Johnson ainsi que Boswell’s journal o f a
tour to the Hébrides et Boswell’s L ife o f D.r Samuel
Johnson. Il est remarquable que tandis que Johnson
qui avoit si mal connu le caractère des Ecossais, en
faisoit un sujet continuel de plaisanterie, un autre
Anglais, le savant et respectable Pennant publioit
le voyage que son zèle pour l'histoire naturelle lui
avoit fait entreprendre en Ecosse, et dans lequel
il saisissojt toutes les occasions de rendre au mérite
de la nation écossaise la justice qui lui est due,
et de faire partager à ses lecteurs les sentiments de
bienveillance et d’affection qu’il avoit éprouvés pour
un peuple si mal apprécié par ses dévanciers.
sirs bruyans de Londres, cela peut aisément
se comprendre. Mais qu’on en ait vu revenir
dans leur pairie affectant un mépris insultant
pour la société et les usages de l’Ecosse, et
désirant changer le caractère original et particulier
de leurs compatriotes en une servile
imitation des moeurs anglaises, c’est ce qui
étonnera toujours ceux qui connoissent
la différence qui existe entre les deux nations.
Heureusement l’esprit national est encore
trop fort en Ecosse pour que l’influence
de ces conseils dangereux soit à craindre. Mais
si la mode venoit à étendre davantage sa
puissance, si les Ecossais séduits par le vain
prestige de l’élégance et du luxe, venoient
à changer l’esprit de leurs institutions, si
oubliant leur gloire nationale ils modeloient
leurs moeurs sur des moeurs étrangères , ce
lustre dont ils brillent aujourd’hui ne servirait
plus qu’à mettre au grand jour la folie
de ceux qui,le leur auraient fait perdre. Et
alors seulement , L’Ecosse ne seroit qu’une
chétive Angleterre.
Je terminerois ici ces considérations générales
sur le peuple qui habite la Basse-
Ecosse, si je ne croyois pas devoir attirer