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Depuis que la réunion des deux cou*
jronnes sur la tête du même souverain eut
mis un terme aux longues guerres qui
avoient désolé ces royaumes , les haines nationales
ne servirent plus de prétexte aux
expéditions des Borderers. Ils se livrèrent
alors entièrement au seul amour du pillage,
et exercèrent leurs brigandages sur les deux
frontières. Leur nombre se montoit à plusieurs
milliers, etles propriétaires se virent obligés,
pour jouir de quelque tranquillité, de payer
annuellement à ces redoutables voisins un tribut
convenu. Pour mettre un terme à tant de
désordres, Jaques I. d’Angleterre ne se contenta
pas de faire occuper par de fortes garnisons
tous les châteaux et les places fortifiées
des deux côtés de la frontière , il ordonna
qu’on donnât la chasse à tous les
maraudeurs dispersés dans les steppes et dans
les marais, comme à des bêtes féroces. Il fut
permis à tout homme qui auroit été volé par
eux, de les poursuivre avec des chiens, des
chevaux et des cors. On avoit depuis longtemps
dans les Borders une race de chiens
nommés sleuthbratch, slough dogs, ou blood
hounds, race constamment altérée de sang,
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dont 011 se servoit pour déposter les ennemis
des repaires où ils se cachoient. Ce fut cette
espèce de chiens qu’on destina à ces chasses
cruelles. Il fut ordonné que chaque village
auroit un chien pareil nourri aux fraix de la
communauté. Il paroit que ces animaux
firent si bien leur devoir que le nombre des
brigands commença dès celte époque à diminuer
sensiblement. Ce ne fut cependant
qu’au commencement du i8.m8 siècle que
les Borders cessèrent entièrement d’être hantés
par des avanturiers aussi redoutables; dans
les premières années du siècle on vit encore
quelques petites troupes d’hommes à
cheval, et armés de pied en cap, parcourir
pendant la nuit, les steppes dans lesquelles
pait le bétail. Et l’on se rappeloit il y a peu
d’années, d’avoir vu sur les terrés de la famille
de Buccleugh, des chiens de cette formidable
race , destinés à donner là chasse aux maraudeurs.
Quoique dans la dernière période
de leur existence, les Borderers se fussent livrés
exclusivement et entièrement au brigandage,
il n’en est pas moins vrai qu’ils eurent
long-temps des moeurs plus belliqueuses et
plus chevaleresques , et que l’amoür de la
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