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peuplades incultes les dogmes de la Religion
chrétienne, dissipoient par leurs doctes
travaux, les épaisses ténébres de l’ignorance
et de l’erreur qui régnoient encore h cette
époque sur tout le nord de l’Europe. Dans
celte nuit profonde, une des plus petites
d’entre les sauvages Hébrides, brilloit seule
d ’une clarté qu’elle devoit un jour répandre
au loin et voir s’éteindre ensuite dans
son propre sein.
Des missionnaires nombreux partaient de
cette intéressante communauté pour porter,
dans les régions les plus éloignées, et alors
les plus barbares, le flambeau de l’Evangile et
la connoissance des lettres. Plusieurs de ces
religieux, ayant pénétré dans les Gaules,
dans les contrées de l’Allemagne, que baigne
le Rhin, et jusques dans les Alpes de la Suisse,
y fondèrent des monastères, soumis à la règle
et à la, discipline d’I-Colm-I Kill', et ressortissant
de son abbé pour tout ce qui regardoit
le spirituel. Parmi les saints missionnaires
d’Iona, je citerai seulement St.-Galius qui
établit en 6x4, un monastère, au lieu où
existent actuellement l’abbaye et la ville de
3l,-GalL en Suisse , et St.-Columban 1©
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deuxième du nom, fondateur de plusieurs cou*
vents en France, et en particulier de la belle
abbaye de Luxeu en Franche-Comté. Tous
les historiens ecclésiastiques s’accordent à rendre
hommage à son courage, à son savoir
et à sa piété.
Pendant ce temps, ceux des moines qui
étaient restés dans l’Abbave de Iona, par-
tagoient leur temps entre la prière, l’étude
et le défrichement des terres; accoutumant
les sauvages insulaires à tirer leur subsistance
plutôt de la culture du sol, que du
métier pénible et précaire de la chasse.
Les travaux de l’esprit occupoient aussi ces
laborieux cénobites, une riche bibliothèque
se forma dans le couvent; on y trouvoit rassemblés
, outre les ouvrages mêmes des
moines, les archives et les régistres du Royaume
d’Ecosse et plusieurs manuscrits importants.
Il paroit même d’après le récit de
Boëthe, que cette bibliothèque reçut des Souverains
écossais , une caisse considérable de
manuscrits que Fergus II., qui avoit accompagné
Alaric et ses Goths au sac deRome,avoit
pris dans cette capitale du monde. Tant de
lumières et d.e vertus, dans un siècle et dans