
îmbu de violens préjugés contre le pays tpfâ
va parcourir , car il partageait au plus haut
degré toutes les opinions en vogue parmi
les Anglais relativement aux pays étrangers;
il part sans être animé par le zèle des découvertes,
mais plutôt paroissant céder -à regret
à une impulsion étrangère. Toutes les contrariétés
du voyage , et ces contretemps
si vite oubliés par celui qui parcourt une
contrée intéressante, laissent une trace profonde
dans son esprit. Il ne voit point chez
les Ecossais un peuple particulier à étudier,
qui a son génie , ses lois, ses moeurs,
il ne voit que de mauvaises auberges, de
mauvaises routes, de pauvres cabanes, un
sol ingrat et stérile, et, ainsi qu’il le dit lui-
même, il ne regarde plus l’Ecosse que comme
une chétive Angleterre. Promptement rebuté
par une superficie un peu rude et sauvage,
il ne s’aperçoit pas que le peuple qu’il
méprise, est comme un de ces cailloux qui,
sous une croule grossière .que le temps détruit
, renferment la matière la plus précieuse.
11 ne sent pas même le prix-de cette
hospitalité si généreuse, si délicate desHigh-
landers; on lui sert des mets qu’il n’aime
»as, il s’en offense et repousse ses hôtes
avec dédain. Il revient enfin plus exaspéré
que jamais contre FEcosse et ses habilans.
Sa mauvaise humeur s’exhale dans sa conversation,
dans ses livres, il ne cesse de
diriger ses sarcasmes contre les Ecossais ,
il leur refuse toute espèce de mérite littéraire,
alors même que les ouvrages de Hume,
de Robertson, d’Adam Smith, répandus dans
toute l ’Europe et avidement reçus par les
savants de tous les pays, étoient traduits
dans toutes les langues. Il ne s’en tient pas là,
son plaisir de nuire aux Ecossais est tel qu’fl
va les insulter, jusque dans son dictionnaire
de la langue anglaise, ouvrage où certes
on ne pouvoit guères s’attendre à rencontrer
des quolibets sur une nation entière.
Il trouve cependant , le moyen d’y glisser
son sujet favori. Il définit le mot avome,
» graine dont les Anglais nourrissent leurs II chevaux, et dont les Ecossais se nourrissent
» eux-mêmes. » Ces plaisanteries avidement
reçues par les Anglais., dans un moment où.
les Ecossais commençoient à s’ôuvrir la route
des emplois publics, circulent de bouche en