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du prisme, qui est toujours vertical. Le mur
de colonnes, au pied duquel vient aboutir cet
amphithéâtre, est surmonté d’une masse arrondie
, qui forme comme un entablement,
et se projette un peu en avant de la muraille.
Ce roc, composé , en grande partie , d’une
substance différente de celle des colonnes,
renferme pourtant une multitude de frag-
mens de prismes, qui se mêlent et se croisent
dans tous les sens, sans ordre ni régularité.
La côte présente, pendant près d’un mille,
la même conformation nous suivîmes,
dans toute sa longueur cette belle chaussée
qui ne dévie que fort peu de la ligne droite.
Nous marchions sur les têtes des colonnes
qui forment l’amphithéâtre, ayant la mer à
notre gauche, et à droite les hauts prismes
dont le mur de rochers est composé , surmontés
de leur entablement massif. Sur les
colonnes brisées on ne voit pas un seul caillou
apporté par la mer, pas une plante marine
dans les interstices des prismes ; on di-
roil que cette longue chaussée a été nettoyéô
avec le plus grand soin, et qu’on en a ôté
jusqu’au moindre grain de sable : cependant
cet ordre, cette propreté minutieuse ,
eet arrangement si surprenant, si régulier,
tout est l’ouvrage de la nature, et l ’homme
n’est pour rien dans ces constructions, qui
semblent imiter ses ouvrages les plus soignés.
Quelque persuadé qu’on so it, [en contemplant
ces grands ouvrages du Créateur,
qu’aucun architecte humain n’en a tracé le
plan ni exécuté les détails, on éprouve néanmoins
involontairement le même sentiment
que si l’on admiroit ces édifices énormes élevés
par des peuples qui n’existent plus depuis
des milliers d’années; les pyramides des Egyptiens,
celles des anciens Méxicains , les
ruines d’Eléphanta dans les Indes, ou les
colonnades de Pestum. Ces constructions gigantesques.,
au milieu des déserts qui les environnent,
semblent par leur masse appartenir
aux oeuvres de la nature, tandis que
Staffa par sa régularité paroît sortir de son
domaine.
Enfin nous tournons un angle formé par
le mur de basalte, et nous arrivons tout à.
coup à l’entrée de la grotte de Fingal. Je
ne répéterai point ici les détails circonstanciés
qu’ont donné, sur la forme , la hauteur
et le diamètre des colonnes, les voyageurs