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les monts élevés et sauvages de l’île de Rum >
au pied desquels nous navigions ; au nord,
nous voyions s’élever au-dessus des eaux ,
les belles montagnes de l’île de Sky, avec
leurs sommets couverts de neige. L’Océan
rouloit ses hautes vagues qui alloient se
briser contre les rochers qu’elles blanchis-
soient de leur écume. Sur celte mer agitée,,
des troupes innombrables de Mouettes , de
Fous, de Pingouins et d’autres oiseaux ha-
bitans des mers glaciales, nageoient, plon-
geoient et voloienl en formant des grouppes
semblables à des essaims d’abeilles , partout
où des armées de harengs nageant à
la surface des eaux, leur présentoient une
proie abondante et facile. Au centre de ces
milliers d’oiseaux criards, nous voyons de
temps en temps s’élever au-dessus de l’eau,
l ’énorme dos d’une baleine qui étoit aussi
à la poursuite des harengs. Notre bâtiment,
qui passa plus d’une fois à travers ces grouppes
, ne les inquiétoit point ; les oiseaux de
mer poussant des cris plaintifs voloient au
milieu de nos cordages et sembloient nous
regarder avec étonnement, mais sans crainte
et sans défiance, tandis qu’une ou deux
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baleines d’une taille considérable et qui sur-
passoit de beaucoup celle de notre vaisseau ,
se rouloient de côté et d’autre , nous
montrant leur dos arrondi, de couleur
brunâtre et surmonté d’une grande masse
de chair en forme de faulx qui leur sert
de nageoires. Les Hébridiens ne harponnent
pas la baleine, c’est une pêche trop dangereuse
dans des parages comme ceux-ci,
bordés de rescifs et remplis de bas fonds.
On ne peut entreprendre ce genre de pêche
que dans les vastes mers , éloignées des
terres et des îles. On poursuit quelquefois
dans les Hébrides un autre cétacée que l’on
nomme Sim fish ; n’ayant point vu cet
animal, je ne puis savoir à quelle espèce
le rapporter.
A neuf heures du soir, éclairés par la lune
qui venoit de se lever , nous entrâmes dans
la baie de Kinloch (île dé Rum). Là nous
jetâmes l ’ancre dans sept brasses d’e a u , et
nous abordâmes à un petit village pour y
passer la nuit.
Le i 5 Septembre. Ayant donné ordre à
notre bâtiment de gagner l’île de Canna et
de nous y attendre, nous partîmes à pied