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de progrès chez les peuples qu’il visite, plus-
sa tâche devient difficile, et l’on est bien plus
frappé, ce me semble, en parcourant l’Europe,
des rapports qui existent entre les nations,
que des différences que l’on s’attendoit
à trouver entr’elles.
Il est cependant plusieurs causes qui produisent
dans le caractère des nations, même
les plus rapprochées par leur physionomie extérieure,
des différences réelles. La situation
du pays,la configuration du sol, le climat, modifient
diversement les habitudes des peuples,
mais l’influence de la religion dominante
, du mode de gouvernement et de la
culture intellectuelle plus ou moins avancée*
agit encore avec plus d’énergie.
La civilisation qui marche toujours, offre
aussi dans ses progrès relatifs, des termes de
comparaison entre les habitants des différents
états. Tous les peuples sont partis du même
point, tous tendent au même but 3 mais les
uns ont commencé leur carrière long-temps
avant les autres, ceux-ci sont restés station-
naires, tandis que ceux-là, avançant à grands
pas , ont dépassé les premiers et les ont souvent
laissé fort en arrière.
Et par combien de roütes diverses ne vbit-
on pas les peuples marcher vers ce but;
Les uns s’appliquent exclusivement à faire
fleurir les sciences et les lettres; d’autres,
le commerce et les arts ; d’autres, l’agriculture;
d’autres enfin, s’adonnent, à l’art militaire
et aspirent à la gloire des conquêtes.
C’est ainsi, que chez les nations qui devroient
se ressembler en tout point, on peut trouver
encore bien des traits de dissemblance
inléressans à étudier.
Ces réflexions découlent naturellement
des faits singuliers qu’offre à l’observateur
des progrès de la société humaine, le pays
connu sous le nom de la Basse-Ecosse, région
peu étendue qui ne contient pas en surface
la moitié de l’ancien Royaume de ce
nom. C’est- là, cependant, que se dévelop-
poient cet amour des lettres et des sciences,
cette industrie, ces belles institutions qui
ont jeté un si grand lustre sur la nation écossaise,
tandis que les sauvages habitans de
la Haule-Ecosse et des îles qui en dépendent,
plongés encore dans les ténèbres de 1 ignorance
, vivoient sous l’influence du régime
féodal, plus favorable à l'héroïsme quaux
lumières.