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L’agricullure et la pêche occupent les habi-
tans, dont on porte le nombre à plus de
mille. Dans toutes nos promenades nous
eûmes à nous louer de leur hospitalité; ils ne
diffèrent des autres Hébridiens ni par leur
costume ni parleurs usages. La langue gaélique
est parlée ici de préférence à 1 Anglais,
et il y a bien des habitans qui n’entendent
pas cette dernière langue. Voici un petit fait,
dont j ’ai été témoin , qui montre combien
les habita ns de Coll conservent scrupuleusement
les coutumes des siècles reculés. Lors-
qu: on entre chez un paysan , et qu’on demande
du la it, le maître ou la maîtresse de
la maison boit d’abord dans la jatte , une
goutte de la liqueur et la présente ensuite à
1 étranger. C’est une manière de lui prouver
que le breuvage ne contient rien de nuisible;
une telle précaution pouvoit bien être nécessaire
lorsque les clans armés se faisoient des
guerres interminables et cruelles, et qu’un
montagnard en entrant dans une chaumière
étrangère ignoroit s’il étoit en pays ami ou
ennemi.
Mr. Maclean n’est pas seul propriétaire de
Coll, le Duc d’Argyle en possède up tiers
dans la partie septentrionale. La plupart des
habitans appartiennent aux tribus Maclean
et Campbell.L’île estdivisée en deux paroisses
qui ont chacune leur église et leur école.
La mer n’est ici presque jamais tranquille,
les marées et les courants agitent ses eaux; et
lors même que l’air est parfaitement calme,
toujours des vagues énormes se brisent
contre lès rochers et les couvrent d’écume.
Biais quand le vent vient à souffler.on voit
se succéder les unes aux autres,7 des montaOgnes
mouvantes q u i, avec une fureur sans égale
et tout le fracas du tonnerre, se rompent
contre les écueils du rivage, en lançant à une
prodigieuse hauteur les flots d’une écume
blanche comme la neige.
On s’aperçoit aisément à Coll de l’existence
du fameux remou, grand courant qui,
après avoir balayé les côtes de l’Amérique ,
traverse tout l’Atlantique et vient frapper les
côtes occidentales des pays du nord de l’Europe.
Chaque hiver des graines étrangères,
des bois américains sont iettés sur le rivagoe.
Je vis chez Mr. Maclean, le tronc tout entier
d’un arbre de Mahogany qui »voit été ainsi
amené sur la côte par le courant ; on me