
( # 4 )
si peu de profondeur que notre bateau
touchoit , et que les rameurs étoient souvent
obligés de descendre dans l’eau pour
le pousser en avant sur les bancs de sable.
Après avoir cotoyé l ’île de Guna , toute
composée de rochers de gneiss, nous mîmes
une heure à atteindre Tyrie , naviguant
agréablement avec un fort beau temps et
une mer très-calme.
Tyrie présente l’aspect le plus riant
après qu’on a passé un rempart de sables
qui en borde les rivages. C’est sans contredit
de toutes les Hébrides la plus fertile , la
mieux cultivée ; c’est aussi peut-être la plus
basse et celle dont le sol est le plus plat.
Elle a quatre lieues de longueur et une lieue
dans sa plus grande largeur. Cette île appartient
toute entière au Duc d’A rgyle, on y
compte plus de deux mille quatre cents ha-
bitans. La partie septentrionale où nous abordâmes
est,comme le midi de Coll,fort sablonneuse
, nous passâmes au pied de plusieurs
hautes collines de sable , élevées par les
orages. Bientôt nous atteignons une région
fertile, couverte de prairies naturelles et de
terres cultivées, où l’orge, l’avoine, le trèfle
C 42! )
et les pommes de terre réussissent à merveille.
On regarde la moitié de la surface de
Tyrie comme susceptible de culture.Les petits
villages que nous traversâmes me parurent
plus propres que ceux des autres îles; les habitations
en sont mieux construites et les toits
faits avec plus de soin. Les murailles des maisons
sont extrêmement épaisses,et artistement
bâties avec des pierres posées les unes sur les
autres sans aucun ciment. Une multitude de
plantes d’un beau feuillage croissent dans les
interstices des pierres, et couvrent l’entrée
des maisons d’un rideau du plus beau verd.
L ’intérieur de ces habitations est d’ailleurs fort
semblable à celui des autres cabanes hébri-
diennes..
Nous passâmes dans un village situé sur la
côte orientale,où l'on,a construit un petit port
avecune belle jetlée.Lesvaisseaux de l ’Ecosse
et de l ’Irlande , qui font le cabotage, peuvent
y relâcher en cas de mauvais temps et y trouvent
les objets nécessaires pour réparer
leurs avaries. Nous y vîmes quelques sloops
qui attendoient un vent favorable. De là nous
entrâmes dans une plaine d’une lieue quar-
rée de surface, la plaine la plus grande et la