
gloire et des avantures les animoit plus encore
que celui du pillage.
L ’on se tromperoitdoncbeaucoupsil’on se
représentoit ces peuplades de guerriers comme
des bandes de brigands qui infestent les
grandes routes. De puissants seigneurs dé-
ployoient dans leurs châteaux un faste féodal
et militaire : une suite plus ou moins
nombreuse de gentilshommes de leur tribu
et de leur nom les accompagnoit k la guerre,
a la cour, et vivoit à leurs dépens. Les anciens
barons de Buccleugh, à ce que nous
apprend un historien du temps, (Satchells
histOTj o f the ñame o f S coït) a voient constamment
dans leur château de Branxholm,
une suite de vingt-quatre gentilshommes aux
quels ils allouoientdesterres en récompense
de leur service militaire. Chaque seigneur
avoit aussi ses menestrels, qui pendant les
fêtes et les repas chantoient en s’accompagnant
de là harpe, les exploits des chefs et de
leurs familles. Et pour imiter encore plus la
cour des rois , ils avoient leurs bouffons et
leurs fols qui les égayoient par des bons mots
et desreparties, et qui excitoient l’élonnement
par leurs tours d’adresse, et leur science de
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nécromancie. Les seigneurs O des Borders ne
mettoient pas de luxe dans l’ameublement de
leurs chateaux , exposés comme ils l'étoient
à de fréquentes attaques de l ’ennemi, mai»
ils se piquoient en revanche de voir leurs
femmes déployer une grande richesse dans
leurs ajustements. En général la vie de ces
singulières tribus présentoit une foule de
contrastes bizarres. A côté du brigandage
le plus révoltant , on leur voyoit déployer
une loyauté chevaleresque , et les exemples
les plus remarquables d’une fidélité inviolable
à leur parole.
Attaquer l’ennemi pendant une trêve étoit
regardé chez eux comme un crime de haute
trahison et puni comme tel,tandis que les plus
horribles excès étoient tolérés en temps de
guerre. Celui qui manquoit à sa parole étoit
proclamé félon et déloyal chevalier, au milieu
de tous les chefs assemblés , et on por-
toit devant lui un gantelet au bout d’uhe
lance , emblème de la foi violée ; ce signe
étoit la punition la plus redoutée par ces
mêmes Borderers qui ne regardoient pas
comme un crime d’assassiner dans son domicile,
ou même jusque» dans les rues