
C 296 )
glissant et h l’entrée de la grotte les pfismes sur
lesquels on marche spnt assez éloignés les uns
des autres, pour rendre ce passage mal aisé et
même dangereux. Une chaussée correspondante
à celle-ci règne dans la partie occidentale
de la caverne, mais elle est inaccessible
soit à cause de l’éloignement des colonnes
qui la composent, soit parce que ces mêmes
colonnes, n’étant pas coupées nettement au
sommet, ne fournissent pas comme ailleurs
un marche pied solide et horizontal.
En entrant dans la grotte de Fingal, nous
éprouvâmes tous un sentiment indéfinissable
d’admiration. La grandeur et la majestueuse
simplicité de cette vaste salle, l’obscurité
qui y règne et qu’augmente encore la couleur
noire des colonnes basaltiques, la boule qui
frappoit contre les murs et, qui en se brisant
contre le fond de la caverne, produi-
soitpar fois un bruit semblable au roulement
d’un tonnerre éloigné, les échos retentissants
de la voûte qui répétoient et prolongeoient
tous les sons avec une sorte d’harmonie, tout
se réunissoitpour produire sur l’âme un effet
nouveau et extraordinaire, une sensation qui
C 297 )
invitoit à la méditation et au recueillement
religieux. Parvenus en marchant de prismes
en prismes à peu près jusqu’au tond de la
grotte, nous vîmes la chaussée cesser, et les
colonnes parfaitement entières, s’élever d’un
seul jet depuis l ’eau jusqu’au sommet de la
voûte. On est quelquefois arrivé en bateau
jusqu’à cette extrémité, mais il faut
pour cela un tems parfaitement calme , car
lors-même que la mer paroît tranquille, la
houle ou la marée produisent toujours un
mouvement sourd, mais si puissant qu’il fait
monter et descendre successivement de plusieurs
pieds, le niveau de l’eau dans le bassin.
Un bateau engagé dans cet étroit canal,
est très-exposé à se briser contre les aspérités
de ces innombrables colonnes.
Le plus grand silence régnoit parmi nous;
chacun fixé sur quelque tronçon de colonne
chacun absorbé paé le spectacle imposant
dont nous jouissions, nous ne pouvions nous
rassasier de contempler et les noires murailles
de la caverne, et les eaux pures de la mer,
et ce pavé de mosaïque qu’elles recouvrent,
et l’Océan que l’on voit se prolonger au loin
à travers l’arc gothique qui forme l’entrée de