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habitant des pays tempérés redoute le froid
des contrées septentrionales et ne' vit point
en Ecosse. La Grive le remplace, et cet
oiseau que nous n entendons point au printemps
et en été dans le midi de l ’Europe,
anime les forets du nord par un chant
mélodieux et varié. Aussi Linnée l’a-t-il
avec raison nommé Turdus Musicus.
Si le spectacle inattendu d’une si belle végétation,
dans un pays où la nature paroit
avoir mis tant d obstacles à l’acroissement
des arbres , cause une agréable surprise;
combien le voyageur n’éprouve-t-il pas plus
de plaisir encore, lorsqu’après avoir franchi
l’étroit défilé des Trosachs, il arrive au
bord du Loch Kathrin, celui de tons les
lacs d Ecosse qui passe avec raison pour
le plus pittoresque. Je n’essayerai point
ici de décrire ce lac si pur, si tranquille,
si solitaire, dont les contours dessinés aved
grâce sont coupés en longs promontoires
qui fuient les uns derrière les autres, et
divisent le lac en une multitude de petits
bassins de forme et d’aspect différents, ni
ces petites îles, ni ee mélange d’arbres et
de rochers dont l’image est répétée dans
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le miroir des eaux, ni ces perspectives si
variées que l’on vdit changer à mésure que
l ’on avance, tandis que le mont sauvage
de B enivenow présente constamment ses
flancs arides et sa sommité couronnée de
rochers, comme un fond invariable à ces
mobiles tableaux. Le pinceau seul peut
reproduire ces sites enchanteurs et romantiques
que la plume la plus habile ne sau-
roit peindre, (i).
Je suivis pendant une lieue la rivo
septentrionale du lac; au delà son aspect
devient uniforme , et il prend l’apparence
d’une longue pièce d’eau au milieu
d’une vallée étroite et stérile. Je re-
• vins sur mes pas par le même chemin.
(i) Lorsque j’écrivais ce journal, M.r Scott n’avoit
pas encore composé son admirable poëme the Lady
o f the Lake. Il a placé la scène de ce roman sur
les bords du Loch Katbrin, et il a peint dans ses
vers le charme de ce beau pays, avec une vérité et
une fraîcheur de coloris telles qu’en lisant cet ouvrage,
long-temps après avoir quitté l’E cosse, j’ai
éprouvé avec une nouvelle vivacité les sensations
qu’avoit fait naître en moi l’aspect de cette riante
nature.