
reconnoître, la musique nationale paroît
conserver long-temps son caractère originaire
et le temps seul lui fait subir
quelques modifications indépendantes de
la politique et de l’histoire. Telle nous
paroît au moins la marche comparative de
ces deux arts. Mais nous connoissons si peu
les annales de la musique , même chez les
nations les plus civilisées, qu’il est bien possible
qu’en étudiant plus à fond, et en comparant
cet art chez les différens peuples et
dans les différens siècles, on en vienne à
retrouver dans la musique d’un peuple
comme dans sa langue , les traces de
son histoire. Je ne prétends pas dans les
remarques que je vais faire sur la musique
écossaise , résoudre entièrement cette question,
et satisfaire ceux qui font de l’histoire
de la musique l’objet de leurs savantes
recherches; mais peut-être quelques observations
sur un genre si remarquable par
son originalité et si peu connu encore, pourront
les engager à rechercher dans les anciens
airs écossais quelques traces de cette
musique des siècles reculés, maintenant perdue
dans nos contrées méridionales.
Les Ecossais sont du très-petit nombre
des peuples européens qjui possèdent une
musique vraiment nationale , fondée sur un
système différent de tous ceux qui sont actuellement
en usage. Nous retrouvons chez
eux des airs, des chants d’une mélodie unique
dans son genre, qui paroît tenir moins
de la musique cultivée comme art, que de
cette musique primitive qui est un langage
naturel, en rapport avec le climat et la physionomie
de la contrée qui l’a vu naître.Dans
les airs les plus anciens des Lowlands, nous
retrouvons en entier la musique gaélique ,
cette musique qui est aussi ancienne que
le peuple même de la Haute-Ecosse, et qui,
par sa mélodie triste et sauvage, est en harmonie
avec les âpres rochers , le mugissement
des vents et la monotonie du roulement des
flots sur les solitaires rivages, qu’elle semble
dépeindre. Nous ne pouvons douter, que
la musique actuelle de la Basse-Ecosse , ne
dérive primitivement de celle là puisque, malgré
les modifications que le temps a apporté
dans l’ancien système, on retrouve même
dans les compositions les plus récentes, tous
les caractères distinctifs de la musique gaë