.charger et décharger leurs marchandises.
On trouve à Tobermory, ce qu’on ne voit
nulle part ailleurs dans ces parages, une
bonne auberge , et des boutiques bien,
approvisionnées ; il y a dans ce petit
bourg un air d’aisance et de propreté bien
rare dans les Hébrides. On dit cependant
qu une telle entreprise n’a pas eu tout le succès
qu’on en espéroit, et que l’existence de ce
port de mer, qui devoit développer l’industrie
etrépandre l’abondance dans cette partie
de Mull, n’a point encore produit des effets
si désirables. Lord Selkirk, dans son ouvrage
sur l’émigration des Montagnards
écossais, signale en particulier, le port de
Tobermory, comme ayant mal répondu aux
intentions philantropiques de la société qui
l’a fondé à grands frais ; il attribue le peu
d’activité et de zèle que les habitans de ce
village montrent pour la pêche, à la faute
qui a été commise lorsque la société, en
allouant aux colons une portion de ter-
rein suffisante pour soutenir chétivement
leur existence , les a par-là même dispensé
de se livrer en entier à la pêche , comme ils
l’nuroient fait s’ils n’avoient eu que cette ressource
unique pour subsister. Il paroit cependant
que cette faute, si c’en est une,
n’est pas la seule raison de la non-réussite
des établissemens sur les côtes de l’ouest ;
mais que les lois prohibitives qui existent en
Ecosse, et particulièrement les lois relatives
au commerce et à la fabrication du se l,
sont la cause principale et notoire de l’état
déplorable de la pêche daus les Hébrides.
Les efforts réunis des propriétaires hébri-
diens et de la société, n’avoient point encore
pu obtenir du pouvoir législatif la révocation
de ces lois, si vivement sollicitée par
tous les insulaires. Quoi qu’en ait dit Lord
Selkirk , je fus très-frappé de l’aspect
agréable de Tobermory; et si l’entreprise n’a
pas eu d abord tous les bons effets qu’on
en attendoit, on peut cependant se flatter
que l’existence seule d’un pareil établissement
, dans ces régions sauvages , peut être
fort utile aux habitants , en leur donnant
les premières idées d’ordre , de propreté et;
d’aisance, et que ces maisons simples , mais
solides et élégantes leur serviront de modèle
, lorsque, sentant tous les inconvénients
de leurs misérables buttes, ils désireront de
meilleures habitations.