182 RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE BOTANIQUE
jania, Cardiospermum, toutes plantes de la famille
des Sapindacees, ont encore offert à notre voyageur
de nombreux exemples de ces tiges, qui semblent être
un composé de plusieurs tiges greffées ensemble.
Dans toutes les contrées asiatiques qu’il a explorées,
les Cardiospermum seuls lui ont représenté ce type.
La rapidité du voyage, les rares et courtes relâches,
les fatigues inséparables d’une telle expédition, la difficulté
de disséquer et d ’observer sur le plancher mobile
du bord, n ’ont pas empêché M. Gaudichaud de
se livrer aux recherches les plus pénibles, et qui semblaient,
par leur nature, ne pouvoir être poursuivies
que dans le silence et le repos du cabinet. Partout où il
a trouvé place pour asseoir tant bien que mal son microscope,
il a fait, selon l ’occurrence, de l’anatomie,
soit animale, soit végétale. Il nous rapporte un travail
microscopique sur l’organisation de plusieurs tiges
anormales, et notamment sur celles des Nepenthes,
dont il a recueilli cinq espèces très-remarquables. II a
découvert, dans certaines Orchidées, un tissu composé
d ’utricules allongées, roides, sinueuses, non
déroulables, renfermant dans leur cavité un liquide onctueux
de couleur d ’ambre. Il a reconnu dans \Adcrn-
sonia peltata l’existence d ’une sorte de vaisseaux rampant
entre les couches ligneuses, et dont il ne pense
pas qu’aucun phytologiste ait encore fait mention. Ces
vaisseaux lui ont paru si extraordinaires, que de prime
abord, il les a pris pour les filets radiculaires de quelque
plante parasite. L,’énorme tronc de Baobab, que
S. A. R. M. le duc de loinviile fait transporter en ce
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moment du Sénégal en France, nous mettra peut-
être à même de vérifier ce fait curieux.
La plupart des graines qui nous viennent d’outremer
ne germent point. Nous avons donc rarement
l’occasion d’observer certaines germinations exotiques
qui, bien connues, éclaireraient à la fois la physiologie
végétale et la botanique. Pour obtenir cet avantage
dans un voyage de circumnavigation, le seul
moyen est de semer des graines à bord ; c est ce qu a
fait M. Gaudichaud. Durant la traversée il a épié tontes
les phases de la germination dans une multitude
d ’espèces; nous n’indiquerons que les e.xemples les
plus remarquables ; le Dracæna draco : ses graines
avaient été recueillies à Cadix; trois jeunes pieds ont
fait le tour du monde. Le palmier du Chili, Cocos mo-
linii (Jubæa) : trois pieds vivants sont également arrivés
en bon état à Paris ; c’est une précieuse acquisition pour
le Jardin du roi. Le Cocos nucifera, les Araucaria
brasiliensis et chilensis. De nombreux Palmiers et
Pandanus des jardins de Calcutta, de Pondicbéry, de
Bourbon. Le Santalum album, le Cjcas circinalis, le
Gjrocarpus, le Tacca pinnatifida, et une Lecythidée
de Pulo-Pinang, dont la germination est plus extraordinaire
encore que celle du Lecythis ollaria, dont
nous devons la connaissance à M. Aubert Dupetit-
Thouars.
Les fleurs, les fruits et autres parties des végétaux
conservés dans l’alcool forment une collection de
trente-six à quarante bocaux.
Les fruits secs el les graines enveloppés dans des