Dès que le principe vital se retire des corps organisés,
ceux-ci retombent dans le cbamp de la mort,
c’est-à-dire de la matière, sur laquelle régnent exclusivement
les principes physico-chimiques.
Ces derniers peuvent bien, en agissant sur les atomes
et les molécules de la matière, les combiner entre
eux, leur donner des formes et des propriétés nouvelles
; mais ces combinaisons, ces propriétés, ces
formes, doivent-elles être comparées à celles des
corps organisés ? Personne, nous le pensons du moins,
ne pourrait le soutenir.
Les formes diverses, en effet, que prennent les
corps inorganiques, isolés ou combinés entre eux,
donnent des figures et des propriétés très-variables,
mais elles sont toujours régulièrement ou irrégulièrement
géométriques, et de plus déterminées par les
lois physico-chimiques. — Ln est-il ainsi pour les végétaux
et les animaux?
Les végétaux vivants, par exemple, avec leurs racines,
leurs tiges, branches et rameaux plus ou moins
cylindriques; avec leurs appendices foliacés, floraux
ou fructifères si divers (1), avec leurs fonctions incessantes,
qui sont les conditions essentielles de leur
existence, avec la puissante faculté qu’ils ont d’emprunter
incessamment à l’air, à l’eau et au sol des
matériaux dont ils attirent et s’assimilent quelques
(t) Ces diverses parties ne sont, pour nous, que ies modifications
ou transformations de l’ètre primitif, ie Phyton.
jtarties et repoussent ou rejettent les autres, ont-ils
les moindres rapports de forme, de texture et de nature
avec les corps inorganiques?
Mais, disent les cliimistes de cette école dont nous
venons de parler, leur substance est matérielle et résulte
évidemment d’une série d’actions et de réactions,
de compositions et de décompositions. Ce sont
donc des combinaisons, et dès lors des productions
chimiques.... O u i, sans doute , les corps organisés
résultent d’une opération continue, incessante, d’actions
et de réactions diverses (que bien à tort vous
nommez chimiques et physiques), mais sous l’impulsion
d’une force qui n’a jamais été employée dans vos
laboratoires et qui n’y entrera jamais sans y perdre sa
puissance; sous l’empire de la vie, qui agit à la fois
sur toutes les parties du végétal, et produit une foule
d’actions intérieures ascendantes, descendantes, latérales,
etc., et qui, en fin de cause, engendre des êtres
de plus en plus complexes, dont l’existence est limitée,
mais qui, tant qu’ils v ivent, combinent de nouveaux
matériaux pour la forme qui leur est dévolue,
pour la texture de leurs organes, et, avant tout, pont-
la composition des éléments primitifs, etc.
Les phénomènes physiologiques n’ont donc rien
de commun avec ceux des corps bruts ou [tbysico-
cbimiques.
D’ailleurs, disons-le bien h a u t, toutes les actions
physico-chimiques des corps bruts s’exercenl ou par
les surfaces ou même à distance, et sont en réalité
extérieures, tandis que toutes les actions pbysiolo-
B o n i t e . — B o ta n iq u e . ^