174 INSTRUCTIONS RELATIVES A LA BOTANIQUE
par les naturalistes. Une relâche à Cliiloë, quelque
courte quelle fût, ne serait pas stérile. La Bonite aura
très-probablement doublé le cap Horn en mars, époque
qui, pour ces latitudes, répond à la fin de nos
étés. Alors donc les graines seront mûres , et une
abondante moisson deviendra facile.
Dans l’intérét de la culture, on recommande surtout
à l’attention des collecteurs les arbrisseaux, et
plus encore les arbres. Nous indiquerons, entre autres,
le Fagus obliqua (hêtre à feuilles obliques) ou ro-
blé , observé à la Conception par Dombey, le Fagus
Dombeji ou cogué, découvert également par ce botaniste,
et toutes les espèces de conifères qui se rencontreraient.
La plus précieuse peut-être, serait \Araucaria
du Cbili. Sous le climat de Paris, nous lui faisons passer
l’hiver en serre tempérée, et nous ne le multiplions
que bien difficilement par bouture. Ce bel arbre
donne, dans son pays n a ta l, une grosse amende nutritive
très-savoureuse. 11 supporterait indubitablement
le climat de nos côtes méditerranéennes , e t , à
plus forte raison, le climat de la Corse et celui d ’Alger.
Mais les graines manquent à nos cultivateurs. II
faudrait nous trouver des correspondants zélés qui
saisiraient toutes les occasions favorables pour nous
en envoyer.
La ville de Lima possède , sans noms scientifiques
d espèces et sans classification , un grand hei’bier du
Pérou, dans lequel, d ’après des renseignements que
nous avons de justes motifs de croire certains, il sera
permis de prendre les doubles échantillons, i\ la charge
de numéroter toutes les espèces, et d’en envoyer les
noms au retour de l’expédition. Nous pouvons donc
à la fois enrichir nos herbiers et propager la science
au loin, parmi des hommes qui ne la dédaignent pas,
comme il paraît par le prix qu’ils mettent à leur concession.
Si les instructions que recevra M. le commandant
de la Bonite ne s’opposent pas à ce qu’il relâche à
l’entrée du golfe de la Californie, nous devons espérer
une riche récolte au profit de la botanique et de la
culture. Les deux côtes occidentale et orientale du
golfe n’ont été encore visitées par aucun naturaliste ;
et, si nous préjugeons leur température et leur végétation
d’après ce qui a été observé dans certaines localités
situées plus au nord , sous des longitudes peu
différentes, nous penserons qu’elles doivent offrir un
grand nombre de types nouveaux, dont beaucoup, tôt
ou tard, se naturaliseront dans l’Europe australe et
sur les côtes de l’Afrique.
Un important travail de géographie botanique a été
entrepris à deux époques très-rapprocbées l’une de
l’autre, sur les montagnes des îles Sandwich, par deux
habiles naturalistes, MM. Chamisso et Gaudichaud. Le
peu de temps qui fut alors accordé aux recherches
scientifiques n ’a pas permis de les terminer. Il est à
souhaiter que cette fois elles soient conduites à fin.
Elles approcheront bien près de la perfection , si, en
même temps que le naturaliste signale les diverses
zones végétales, le géomètre physicien détermine la
bauteur où elles commencent et celle où elles finissent.