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Car, si nous n’admettons pas que ce principe est
primitif, qu’il a présidé au développement de l’univers,
et que, dès lors, il existait avant lui, nous allons
tomber dans les plus étranges aberrations de l’esprit
de désordre et arriver à cette conséquence fausse,
mais rigoureuse, que les êtres de la nature animée que
nous connaissons sont nés de la (erre qui ne l’est pas,
ou, en d’anires termes, que la vie procède de la mort.
La vie a sans doute eu besoin de la matière pour se
manifester à nos sens, à notre esprit malheureusement
t!op borné, puisqu’il ne la reconnaît qu’à ses effets et
à ses actes dans les êtres organisés (1).
Mais, pour nous, le principe qui la produit a précédé
non-seulement tous les êtres mais aussi tons les
mondes.
La vie est donc, à nos yeux, le principe primordial.
Aussi dans l’ordre chronologique que nous avons provisoirement
établi, pour nous conformer aux idées
reçues, des principes observés jusqu’à ce jour, l’avons-
nous mis à la place qui lui est due, c’est-à-dire en tête
de tous les auti es.
Quel est, en effet, l’homme de science qui, après
avoir longuement étudié et profondément médité sur
les phénomènes si beaux et si grands de la n a tu re ,
C|ui, après avoir lu dans les observations les plus ri-
(t) Redisons encore, car nous ne saurions trop le répéter, que
les forces de la nature, les principes, si l’on veut, ne se révèlent à
nos sens que par leurs effets. Qui donc osera soutenir que les effets
de la vie sont moins apparents que ceux de l’éleetricilé, du magnétisme.
de l’aflinité, ete. ?
goitreuses, dans le grand livre de la sagesse des lemps
historiques les plus reculés, n’admettra pas avec nous
que le principe vital est le principe des principes, qu’il
domine tous les autres et qu’il a nécessairement dû les
précéder tous dans l’ordonnance de l’univers.
Nous dira-t-on enfin que les phénomènes de la vie
et du moi de l’homme se sont manifestés les derniers
de tous? Oui certainement! Qu’y a-t-il de surprenant
à cela?
Voudrait-on en induire que les êtres organisés ont
précédé le principe auquel ils doivent l’existence ?
Pourquoi le grand artisan de toutes choses n’aurait-ü
pas, pour compléter son oeuvre, vivifié notre âme par
un reflet de sa suprême intelligence?
Nous faudra-t-il donc, après tant d’illustres savants
qui ont approfondi ce grave sujet, et surtout après
l’éminent Jouffroy et tous les penseurs des autres âges,
chercher à démontrer encore que le principe existait
avant les êtres qu’il a produits, que sans la force il n ’y
aurait pas d’action, que sans la cause il n’y aurait pas
d ’effet, que sans Dieu tout serait encore dans le néant!
N’oublions donc pas que l’Être suprême a tout fait
en vue de l’humanité; qu’il l’a douée d’intelligence et
enrichie de tous les trésors de l’idée, de l’espérance et
de la foi, et qu’il ne l’a ainsi généreusement dotée que
pour l’exciter à se rapprocher de lui, en lui rendant le
travail attrayant, en lui montrant en expectative le
progrès, qui est le plus pur aliment de l’es|)rit et du