Comnienl, nous dirons quelques chimistes, vous
pensez nous faire accroire que le principe vital, dont
nous sommes si parfaitement disposés à nier même
l’existence, peut être, à vos yeux, le premier de ceux
que la nature a créés (1 ) et que la science a constatés ?
alors que nous, vous et tout le monde, voyons la gravitation
remuer l’univers et l’affinité régir tous les
corps, même les plus petits, les atomes, ces enfants
adoptifs de notre imagination, lesquels pénètrent partout,
même dans votre cuisine, vos aliments et jusque
dans les fonctions les plus mystérieuses de votre être
chimiquement organisé, entretenu et vivifié ? Allons
donc !...
Ne savez-vous donc pas, ajouteront-ils, que le principe
de la vie, comme vous l’entendez, et en supposant
même qu’il existe, n ’a pu se manifester à la surface de
la terre que lorsque celle-ci a été refroidie, et que,
dès lors, il n ’a pu se dévoiler que longtemps après
que les astres ont été lancés dans l'espace où ils doivent
éternellement se mouvoir avec la régularité que
nous connaissons ?
il nous sera facile de répondre à toutes ces arguties,
à tous ces faux raisonnements qui tirent leur origine
de l’ignorance des choses et des plus malencontreuses
interprétations.
Ce n ’est malheureusement ici, ni le lieu, ni le
temps de nous expliquer catégoriquement sur ce
(1) Nous ne pensons pas le moins du monde que la nature ait
créé le principe vital. Nous croyons, au contraire, que c’est le prin-
cipe vital qui a créé la nature.
point. Disons seulement, que pour arriver à une démonstration
exacte de la cause très-réelle des forces
qui se manifestent dans les végétaux, car nous nous
limiterons autant que possible à ces seuls corps organisés,
il faudrait pouvoir remonter jusqu’aux sources
de la vie, jusqu’à la connaissance intime du principe
qui anime la nature. Telle ne doit et ne peut être notre
prétention. Nous avons une trop juste idée de la nature
humaine et de la mesure limitée de ses facultés
pour croire qu’elle puisse de longtemps, sinon jamais,
s’élever jusque-là.
D’ailleurs, nous n ’avons que faire de remonter si
haut puisque nous savons de science certaine qu’un
principe quelconque ne se démontre jamais que par
ses effets.
Sans chercher, donc, à déchirer le voile épais qui
nous cache obstinément et qui nous dérobera peut-
être toujours la suprême origine, la nature et les
divins mystères de la vie, ne pouvons-nous, du
moins, par tous les moyens dont la science dispose,
par des expériences bien ordonnées, bien exécutées
et facilement appréciables aux yeux de to u s ,
arriver à l’incontestable démonstration des phénomènes
généraux et spéciaux que produit le principe
vital? (1)
Telle a été la question que nous nous sommes posée
(1) Comment se fait-il qu’en présence des phénomènes si grands,
si beaux, si admirables de la vie, des savants généralement illustres
aient pu douter, et même oser nier, qu’ils fussent produits
par un principe distinct de ceux dont, chaque jo u r, ils soumet