cer?... J’en élais là au moment d’entreprendre mon
second voyage.
Bien convaincu d'avance que ies moyens de la nature
sont toujours de la plus grande simplicité, je dus
jeter mes premiers regards sur les végétaux à l’état
d embryon ou de vie latente ; les étudier ensuite dans
leurs diverses périodes de germination, d ’enfance,
d ’âge mûr, et les suivre jusqu’à celles de décroissance,
de décrépitude et de mort.
Je commençai donc par étudier l’embryon. Je le
pris au point où vous l’avez laissé dans le savant ouvrage
que vous avez publié en 1830, sur la structure
et les développements de l’ovule végétal, et le suivis,
dans un grand nombre d ’espèces, jusqu’à celui de parfaite
maturité des graines, ce qui me fournit une foule
de faits nouveaux et curieux (Arlocarpus, Créas,
Gnetum, Njmphæa, Piper, etc.).
Arrivé là, l’embryon que l’on a comparé au foetus
encore enfermé dans le sein de la mère, auquel, en
effet, il ne manque plus que le souffle de Prométhée,
([u’une simple bulle d ’oxygène humide et chaud, pour
le faire entrer dans le cours d’une sorte de vie fonctionnelle
plus active, l’embryon, dis-je, fut étudié sous
tous les rapports de forme et d ’organisation, puis mis
à germer. Dans l’acte de la germinalion, les embryons
à peine ébauchés des graines mûres de certains groupes
végétaux (Cactées, Piperacées, Nymphæacées, Hjdro-
charidées, etc.), vinrent s’achever sous mes yeux et parfaire
leurs cotylédons. De peu visibles qu’étaient d ’abord
ceux-ci, ils se monti'èrent bientôt très-distincts.
puis péliolés [Piper, Nymphæa) , et même en apparence
stipulés (?) dans quelques espèces (Nymphæa) (1 ).
J’observai soigneusement le phénomène d’allongement
des parties pétiolaires des cotylédons dans certaines
plantes dicotylédones (Trapa natans, Loranthus
aphyiius, etc.) et monocotylédones, et spécialement
parmi celles-ci, dans plusieurs espèces de palmiers; je
vis le limbe cotylédonaire de ces embryons pénétrer
dans la cavité du périsperme des noix , absorber l’air
et l’eau qui pouvaient s’y trouver encore et se tumé-
(I ) Par suite de l’avortement des carpelles (?) et de l’état particulier
des ovules appelés à croître dans l’air (?), état que je décrirai
très-longuement dans un travail sur les Nymphæacées et autres
groupes voisins, les embryons du Nelumbium ne sont formés que
du système supérieur ou aérien très-remarquable par son extrême
développement ; tandis que le système inférieur ou terrestre , ainsi
que le périsperme ordinaire (la quartine) des graines de cette famille,
reste à l’état rudimentaire. Le point qui représente la tigelle
et la radicule avortées est même perforé.
Qu’a rriv e -t-il dans la germination de ces graines? C’est que
leurs énormes cotylédons n ’ayant pas de prolongements inférieurs
tigellaires et radiculaires, conservent leur forme primitive et ne
l'euvent que se tuméfier en absorbant de l’eau et peut-être de l’air
par le pore inférieur. La gemmule s ’allonge et produit à son sommet
une sorte de bourgeon composé de deux ou trois premières
feuilles alternes, engainantes à la base. Les fibres du système inférieur
de ces feuilles, ne trouvant pas les voies radiculaires préparées
pour les recevoir, forment au-dessus du noeud vital les racines
qu’elles devaient produire au-dessous. Ces racines sortent de la
base même du bourgeon ou sur divers points de la gemmule, ou
premier mérithalle des auteurs. En traitant de l’organisation des
Nymphæacées, j ’aurai occasion de signaler de nombreux faits de
ce irenre.