jusqu’au bord sujiérieur du moignon de tige pour y
former le bourrelet.
Les jeunes et savants physiologistes qui nous opposent
leurs objections, après avoir assez sévèrement
blâmé et gourmandé leurs maîtres (p. 283) d’avoir
plusieurs fois varié sur la nature invariable du cambium,
de l’avoir alternativement considéré, tantôt
comme im liquide organisateur, tantôt comme un
jeune tissu utriculaire organisé, et d ’être revenus plus
tard au fluide organisateur primitif; ces savants, disons
nous, ont adroitement pris un moyen terme, et
définissent aujourd’hui le cambium un tissu naissant
qui apparait entre le bois et l’écorce et qui est alimenté
ou fécondé par un fluide nourricier à la fois
nutritif et organisateur. Ils se sont donc emparés des
éléments des deux premiers cambiums déjà repoussés
par eux-mêmes, pour n’eu plus former qu’un seul.
Ce n ’est donc plus, depuis 1846, aux cambiums des
anciens physiologistes que nous avons affaire (cambiums
qu’on repousse avec dédain et sévérité) et auxquels
il faut attribuer l’accroissement en hauteur et
en largeur des souches greffées, mais bien à un fluide
nutritif, récemment découvert et qui se montre à leur
])lace pour animer les jeunes tissus naissant annuellement
entre l’écorce et le bois de ces souches, comme
de toutes les autres parties ligneuses du végétal, lesquels
jeunes tissus jouissent de la faculté de se transformer,
les uns en bois, les autres en liber. Et comme
ces tissus sont fixes et ne peuvent dans aucun cas
abandonner les lieux qui les ont vus naître, il résulte
manifestement de là que ce sont définitivement les
sucs nutritifs seuls qui descendent de l’arbre entier
dans ses racines, pour passer de là dans les racines de
la souche et remonter de ces dernières jusqu’à la
sommité tronquée pour y porter les influences et les
matériaux nécessaires à la formation des nouvelles
couches ligneuses et corticales fort minces qu’on y
observe.
Tels sont, en résumé, les principes adoptés dans
nos écoles et les seuls, nous dit-on, à l’aide desquels
on puisse expliquer l’accroissement des souches greffées
de nos Abies.
Ce singulier phénomène de l’accroissement en tous
sens des souches, que nous n’avons jamais pu étudier
sur les lieux où il se produit, et que nous ne connaissons
encore que par les descriptions et les beaux dessins
des savants qui l’ont découvert et mis en lumière,
ainsi que par les préparations anatomiques déposées
au Muséum d’histoire naturelle par le célèbre Dutro-
cliet ; ce phénomène a été pour nous le sujet de recherches
générales très-suivies, et, nous pouvons le
dire, de longues, sérieuses et profondes méditations.
On connaît trop bien les principes pbytologiques
qui nous dirigent depuis vingt ans, pour qu’il puisse
être venu à la pensée de personne que nous ayons pu
admettre un seul instant, pour expliquer le fait qui
fórmele sujet de cette objection, ni la théorie des développements
latéraux de Dutrochet, ni encore moins
celle d’un cambium quelconque de nos contradicteurs.
Car, pour nous du moins, chacun le sait mainte-
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