nous eussions accepté el tenu, tant rartieur cpii nous
animait alors était puissante et dominatrice.
Loin de s’affaiblir par la satiété , par les souffrances
incessantes du mal de mer (1 ) et par les misères
inhérentes à ces longues et laborieuses campagnes,
cette ardeur, nous devons le déclarer, n ’a fait que s’accroître
avec le temps.
Aussi, après un premier voyage de près de quatre
années, fait sur l’Uranie, en compagnie de nos honorables
et savants amis MM. Quoy et Gaimard, sous les
ordres du digne commandant Louis Desselles de Frey-
cinet, toutes nos pensées se portèrent-elles avec entraînement
vers un second voyage dans les pays que nous
avions déjà visités, mais que nous n’avions fait cju’en-
trevoir, et, avant tout, dans ceux auxquels notre premier
itinéraire ne nous avait pas permis d ’aborder.
C’est qu’alors un intérêt nouveau et non moins
puissant que tons ceux qui nous animaient déjà, était
venu donner à notre imagination une nouvelle et
iri'ésistible impulsion. Nous voulons parler des principes
d’organogénie, d’anatomie et de physiologie
que nous avions pour ainsi dire pressentis dès nos
plus jeunes études, |)lus directement entrevus et en
partie constatés dans nos premières explorations,
et que nous nous sentions irrésistiblement pressé
(I) Dans un ouvrage que nous publierons plus ta rd , nous décrirons
les ])hénomènes généraux de ce mal affreux , les moyens
iusuflisants qui ont été employés pour s’en p ré se rv e r, les altéta-
tions désastreuses qu’il produit sur l’organisation, sur les fonctions
, etc.
du besoin de compléter et de produire au grand jour
de la science.
Tous les hommes de science, les penseurs, ceux
qui ont subi la pression d’une idée et le besoin d ’agrandir
le cercle des connaissances humaines, tous
ceux enfin qui aiment la vérité et qui, comme nous, dé-
te.stent l’erreur persistante à l’égal du mensonge, tous
comprendront par quelle puissance invincible nous
devions alors être dirigé, puisqu’il ne s’agissait de rien
moins, nous en avions la confiance, que de renverser
des théories manifestement erronées et de les remplacer
par des principes éclatants de vérité.
En présence de ce mobile, les considérations de
santé , de fortune et d’avenir, s’évanouirent entièrement.
Un navire, la Dordogne, commandé par l’un des
officiers les plus distingués de notre savante marine,
par M. Mathieu, alors capitaine de frégate (1), était
en armement au port de Bayonne. Cet officier supérieur
avait pour mission d’aller explorer les principaux
archipels de l’Océanie, de tenter d y former
quelques établissements, et d’y planter le drapeau de
la France. Les relâches devaient naturellement être
aussi longues que fructueuses pour la science. Nous
sollicitâmes riionneur de faire partie de cette expédition,
et le ministère de la marine, qui a toujours protégé
les sciences, les marins qui se livrent a leur
(t) M. Mathieu est aujourd’hui contre-amiral et directeur généra!
du dépôt des cartes et plans de la marine.