Des Sandwich la Bonite fera voile pour Luçon. Les
Mariannes sont sur la route. On n’a pas oublié qu’elles
furent visitées en 1819 par la corvette l'Uranie, sous
les ordres de M. de Freycinet ; que pendant la relâche,
les matériaux d’un herbier considérable furent rassemblés
avec une incroyable activité; mais qu’une
année après ils périrent presque tous dans le naufrage
de la corvette. Une relâche à Guam, la principale île
de l’archipel des Mariannes, réparerait cette perte par
les memes mains qui recueillirent les premiers échantillons.
Des couises dans l’intérieur de File Luçon fourniront
, nous n ’en doutons p a s, un grand nombre de
faits nouveaux pour la botanique.
Jusqu’à présent la végétation de la Cochinchine
nous est inconnue. Quelques échantillons d’herbier,
rapportés par le jésuite Loureiro, et la Flore qu’il a rédigée,
ont vivement excité la curiosité, mais n’ont pas
suffi pour la satisfaire. Presque toutes les descriptions
de Loureiro sont des énigmes dont on ne saura le mot
que lorsqu’on aura les objets sous les yeux.
Il est bien à désirer que , durant les diverses relâches
, MM. les officiers de Fétat-major trouvent le
temps de recueillir sur les végétaux des localités où
ils séjourneront, tous les renseignements de nature à
intéresser non-seulement les hommes de la science,
mais encore ceux q u i, tels que les cultivateurs et les
manufacturiers , se livrent à des travaux dont les résultats
contribuent immédiatement au bien-être de la
société.
RAP PORT
TRAVAUX DE BOTANIQUE DE LA BONITE,
PAR M. DE MIRBEL ( 1 ) .
L’Académie n ’avait pas trop présumé de la capacité
et du zèle de M. Gaudichaud, lorsqu’à la fin de 1835,
elle pria M. l’amiral Duperré, alors ministre de la marine,
de vouloir bien permettre que ce savant s’embarquât
sur la Bonite en qualité de naturaliste. Les
résultats prouvent suffisamment qu’on ne pouvait
faire un meilleur choix.
C’était le troisième voyage que M. Gaudichaud entreprenait
dans des vues toutes scientifiques. Plusieurs
des contrées qu’il allait visiter avaient déjà été explorées
par lui; il ne se proposait pas seulement de compléter
d’anciennes collections et d’en former de nouvelles,
pour enrichir la science d ’espèces inconnues ;
il voulait encore poursuivre, dans les lieux mêmes où
il les avait commencés, ses importants travaux sur
Forganographie et la physiologie végétales ; sous ce
double point de vue, il a dignement rempli la tâche
qu’il s’était imposée. Il rapporte d ’immenses collec-
(t) Voy. Comptes rendus de l'Académie des sciences, séance du
16 avril 1838, pag. 483.
BomTE. — Botanique.