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t8(> RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE BOTANIQUE
Pinonia, Blechnuin , Asplénium, Angiopteris des îles
Sandwich, de Manille, de Bourbon, de Bio de Janeiro.
Notre surprise a été grande quand parmi tous ces
morceaux de bois exotiques, nous avons vu six énormes
tronçons d’uue tige de l’espèce de Fougère appelée
Cyathea arborea, lesquels,ajoutés bout à bout, donnent
environ quarante pieds de bauteur. Il est à remarquer
que cet individu colossal n ’était pas le plus élevé de
ceux que M. Gaudichaud a observés à Bourbon.
Mais ce qui appelle surtout l’attention des pbytolo-
gistes, c’est la magnifique collection de formations ligneuses
anomales. On avait cru jusqu’à ces derniers
temps que les végétaux à tige vivace n ’affectaient pas
d ’autres formes que celles que présentent, dans les
Monocotylés, les Palmiers, les Pandanus, les Dracæna,
les Buscus, etc. ; et dans les Dicotylés, les Chênes, les.
Ormes, les Platanes, etc. De là était née la célèbre
distinction des bois à filets et des bois à couches
concentriques. Sans doute ces deux formes caractéristiques
sont et demeureront les plus générales dans
les végétaux ligneux; mais, depuis les découvertes de
M. Gaudichaud, il n ’est plus permis d ’affirmer que la
loi est si impérieuse que la nature ne puisse jamais y
déroger. Quand, dans les sciences d ’observation, la
tendance à généraliser s’élance au delà du but, l’esprit
de recherche, plus positif, s’applique à trouver des.
exceptions qui la font rentrer dans de justes limites.
C’est ainsi que les théories scientifiques deviennent la
fidèle expression de la nature.
Personne n ’a signalé un aussi grand nombre d ’anoDE
LA BONITE. 181
malies que M. Gaudichaud. Toutefois, il se pourrait
que vers l’époque où il fit ses premières observations,
d ’autres eussent pris une connaissance plus ou moins
superficielle de faits analogues. Mais le mérite de la
découverte lui appartient parce qu’il l’a fait connaître
avant tout autre, et l’a illustrée par ses trois voyages
autour du monde, dont le second et le troisième furent
entrepris principalement en vue de poursuivre le travail
qu’il ax'ait commencé dans le premier.
Dans son dernier voyage, qui livre tant de richesses
à l’avide curiosité des naturalistes, il a constate de
nouveau l’exactitude d ’un fait général dans les lianes
brésiliennes de la famille des Bignoniacées, savoir ;
que le corps ligneux de leur tige est composé de quatre
lames ravonnant à angle droit du centre a la circonférence
et se dessinant par conséquent sur la coupe
transversale en croix grecque. Il a trouvé que les
espèces de ce même groupe qui croissent sur les
bords du Guayaquil, portent régulièrement le nombre
de leurs lames ligneuses de quatre à huit, de huit à
seize, et peut-être encore à un chiffre plus élevé.
Ce type anomal n ’appartient pas uniquement à
l’Amérique du Sud : le célèbre historien de la Flore
des Moluques, Rumpb, qui florissait au xvif siècle, l’a
observé dans une Bignoniacée dont il donne la
figure. M. Gaudichaud incline à croire que tous les
Spathodea qui, dans cet archipel, forment des lianes
d’une longueur démesurée, portent ce même caractère.
Des espèces américaines des genres Paullmui, Ser-
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