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OBSERVATIONS
L’ASCENSION DE LA SÉVE DANS UNE LIANÉ
DE LA FAMILLE DES VIGNES,
KT D E SC R IPT IO N DE C E T T E NOUVE L L E E S PÈC E
APPARTENANT AL GENRE CISSLS ( I ) ,
Parmi les faits curieux que j ’ai observes dans le
cours de mon dernier voyage, il eu est uu particulièrement
qui me paraît digne de fixer l’attention des
physiologistes.
Au mois de décembre de l’année 1832 , lorsque je
parcourais les forêts du Brésil, cbercbant dans les
jibénoinènes remarquables de la végétation exubérante
de ce beau pays quelques indices qui pussent me conduire
à l’explication des causes (|ui président à l’arrangement
symétrique des tissus vasculaires dans les
tiges, ¡e découvris le matin d’un beau jour, dans une
forêt vierge, épaisse et sombre, des lianes ligneuses
dont les tiges tendres et charnues contenaient une
très-grande quantité d ’eau de végétation.
Ayant coupé, pour mes collections pbytologiques,
quelipies tronçons de ces tiges, j ’en pris nn pour examiner
à la loufie, sur un des bouts, l’ordonnance de
(■1) Extra it des Annales des sciences naturelles, seplcmtire 1836.
SLR ^ASCENSION DE LA SÉVE DANS UNE LIANE. 225
ses tissus Inbiileux, et j ’en vis découler aussitôt, par le
bout opposé, une grande quantité d’eau.
Ce phénomène, analogue sous certains rapports à
celui qui fut observé jadis par Coulon , et depuis
par MM. Desfontaines et Tliouin, sur des peupliers;
par M. de Miibel, sur des mûriers, sur des ormes, etc.,
ne me surprit pas d’abord. Nous étions an mois de décembre,
qui correspond à peu près, pour la saison,
au mois de juin de l’bémispbère nord, et il me parut
tout naturel de trouver, à cette époque, des tiges
charnues remplies d’une séve abondante. Ce ne fut
<[ue quelques instants après, lorsque j ’eus coupé d’antres
fragments de cette tige, tant sur le sommet de la
partie inférieure qui tenait à la terre et avait encore
huit ou dix pieds de longueur , que sur la base de la
partie supérieure qui, au moyen de ses nombreux
contours et de ses longs rameaux, restait suspendue
aux arbres voisins, que je compris toute l’importance
de ce phénomène.
Je crus d’abord que cette liane ne répandait de l’eau
en abondance que lorsipi’elle était coupée par tronçons
d’une longuenr déterminée , douze ou quinze
pouces, par exemple , et que , dès que les morceaux
dépassaient cette dimension, cette eau était fortement
retenue par les tubes.
Mais de nouvelles expériences me montrèrent bientôt
que la séve coulait aussi rapidement d’un morceau
de cinq ou six pieds que de ceux qui n’en avaient
qu’un seul.
Une antre liane de quinze à dix-huit lignes de dia-
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