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heureiisetneiit que trop à craindre pour la jjlupart.
Mais est-ce une raison sulFisante pour que tous s’abstiennent?
Nous ne le pensons pas.
Nous le demandons, en effet, à tous les hommes
sensés : que peuvent redouter des naturalistes consciencieux
q u i, après avoir étudié tout ce qu’une
science renferme de plus certain , de plus positif et de
plus incontestablement démontré, après s’être franchement
initiés et en quelque sorte assujettis et dévoués
aux principes rationnels qu’elle enseigne, mais
du reste peu satisfaits de son insuffisance, de l’ensemble
et de la coordonnance des faits et des principes
dans lesquels on l’aura cii conscrite, cbercberont
à s’élever un peu plus haut que le sol sur lequel elle
repose, pour jeter de là un premier regard dans le
champ éloigné de l’avenir ?
Ne sait-on pas bien d’ailleurs que s’il y a généralement
un danger personnel pour ces sortes de sentinelles
avancées, qui s’y exposent volontairement, pour
ces éclaireurs audacieux de la science, ordinairement
guidés par de généreuses espérances , il y a aussi plus
de sécurité pour le corps tout entier, dont ils protègent
la marche, et qu’en tout état de cause il faut
nécessairement sacrifier les intérêts particuliers aux
intérêts généraux.
Nous reconnaissons donc que s’il est dangereux de
voir beaucoup de personnes se hasarder sans ordre et
sans boussole, et guidées seulement par leur esprit
aventureux dans cet immense désert des spéculations
avancées d ’une science où , si elles ne se perdent pas
rapidement, elles peuvent entraîner les esprits superficiels
et légers, il est au contraire essentiellement
utile que d’autres, plus expérimentées, plus capables
de bien sonder le terrain et de jalonner la, route
qu’elles se sentent la force et la volonté de,tracer,
afin d’assurer leur retour, y fassent de temps à autre
une incursion de reconnaissance q u i, si elle peut leur
être personnellement nuisible, sera certainement profitable
aux autres.
Pour nous qui nous sommes engagé dans ce difficile
sentier, nous déclarons d’avance que nous y avons
forcément été conduit par la natui'e même de nos
travaux, et qu’en cela nous n’avons fait qu’accomplir
uii devoir rigoureux envers la physiologie qui est notre
science de prédilection.
Cette science a éprouvé , depuis quelques années ,
les plus rudes atteintes de la part de plusieurs chimistes
modernes contre lesquels nous avons résolu de
la défendre. Enivrés par les innombrables succès
qu’ils ont obtenus dans leur véritable direction, ils
n ’ont pas craint, en effet, de porter une main téméraire
sur les corps organisés vivants qu’ils ont cherché
à entraîner dans leur domaine, déjà trop rempli,
et à assujettir à leurs lois les lois qui ne régissent
que les corps morts.
Cela nous a conduit, presque malgré nous , a entreprendre
un travail sur la classification des sciences
physiques et naturelles, qui aura besoin d’être longtemps
mûri avant de voir le jour, et qui d’ailleurs ue
pourrait prendre place ici.