millimètres au-dessus de leur point de départ, avant
de se courber pour obéir à la force de descension qui
les régit (1). Une seule fois nous en avons mesuré de
dix-buit à vingt millimètres, au-dessus d’un vigoureux
et puissant bourgeon de peuplier né vers le sommet
d’une tige tronquée. Ces fdets ligneux obéissent donc
à une impulsion qui leur est donnée par les bourgeons.
— A la vue de ces phénomènes nous nous
sommes demandé si par des expériences bien combinées,
il n ’y aurait pas moyen de les faire monter
beaucoup plus haut que les limites observées. Mais
nous n’avons retiré de ces expérimentations générales
qu’un seul fait positif, c’est que les fdets montent d’autant
plus que la pression physiologique provenant du
sommet de l’arbre est moins forte. Les mesures que
nous avons prises ne nous ont cependant jamais donné
plus de vingt millimètres grand maximum, en opérant
sur des tiges dont nous avions détaché la tête et con-
séqiiemment diminué ou détruit la force de pression
physiologique, qui, dans ce cas, s’exerce invariable-
meut du sommet à la base des arbres.
11 nous restait cependant encore un moyen de vérifier
l’exactitude de nos premiers résultats, celui d’opérer
sur un arbre vigoureux, parfaitement complet.
Pour cela, nous avons fait une décortication circulaire
sur les sept huitièmes de la circonférence d ’un
arbre. Ce qui restait de l’écorce de jonction a été pro(
1) Voy. Gaudichaud, Organographie, pl. 5 , fig. 8 , 9 , 1 4 ;
pl. 13, fig. 5 ; pl. 16, fig. 18, d et 21 f.
longé inférieurement en lanière verticale, isolée de
toutes pa rts, courbée ensuite pour lui faire prendre
une direclion ascendante , puis enfin recourbée une
seconde fois de manière à lui faire reprendre une
marche descendante jusqu’à l’écorce située au-dessous
de l’opération et à laquelle elle est entièrement
restée unie. Nous jiensions que les filets vasculaires
qui, ainsi que nous l’avons déjà prouvé , se dirigent
vers cette bande conservée d’écorce, sous laquelle ils
vont passer pour se rendre dans la partie inférieure
(1), recevant l’impulsion de toute la sommité
d e l’arbre, pourraient bien, après avoir dépassé le premier
coude inférieur, monter beaucoup plus haut que
dans nos précédentes expériences sous cette partie ascendante
de la bande d’écorce , et peut-être même
franchir la seconde courbure pour redescendre ensuite
dans leur direction naturelle jusqu'à la base du tronc.
Il n ’en a cependant pas été ainsi. Les filets arrivés
à la première courbure se sont pour ainsi dire arrêtés
et appesantis sur le bord inférieur de la bande d’écorce,
et n ’ont acquis que quelques millimètres de bauteur
sous le lambeau ascendant. Ce que nous attribuons
à la puissante pression organique qui agit dans toutes
les parties des végétaux, depuis leur sommet jusqu’à
leur base extrême, et certainement aussi aux filets ra diculaires
d’une foule de cellules animées, ou, autrement
dit, de petits bourgeons encore invisibles à Foeil
nu qui naissent au bord supérieur de la seconde
(1) Voy. Gautlichaiicl, Organographie, pl. 15, fig. 20.