très (1) croissent très-rapprochés les uns des autres;
leurs racines se rencontrent, se greffent et unissent
pour ainsi dire leurs existences. On enlève le tronc
de l’un d’eux en le coupant au ras du sol auquel on
abandonne la souche. Cette souche, greffée par ses racines
aux racines d ’un autre arbre de même essence,
continue de vivre et de s’accroître ; elle forme même
au sommet de son tronçon ou moignon de tige, un
bourrelet qui s’épaissit et s’exhausse annuellement de
quelques millimètres. Qu’y a-t-il là d’extraordinaire et
qui ne soit de tout point comparable à nos greffes sur
racines, sinon que c’est entre racines que l’union a
lieu , et qu.’il se forme un bourrelet ascendant sur la
troncature de la tige, exactement comme il s’en produit
un sur les racines de cette même souche ainsi
que sur celles de tous nos arbres vulgaires lorsque
nous les mutilons.
Mais, nous dira-t-on , ces bourrelets se produisent
de bas en h a u t, s’accroissent en hauteur et forment
annuellement une couche concentrique ? Si quelque
chose pouvait nous étonner ce serait précisément
qu il n en fût pas ainsi. Est-ce que le cyprès chauve
ne produit pas des sortes d ’exostoses ou bornes de
plusieurs pieds de hauteur ? Et peut-on comparer ces
bornes à autre chose qu’à des racines ou portions de
racines recourbées dans l’air ? Pour nous, ce fait que
nous avons déjà traité, n ’a pas d ’autre valeur (2j!
(t) Le même phénomène a été constaté sur plusieurs espèces.
(2) Voy. Gaudichaud, Organographie, ip]. H, üg. 10-11.
Les auteurs de l’objection qui nous occupe n’ont
qu’à faire une course sur les berges de la Seine ou
dans les terrains accidentés de nos forêts, et ils trouveront
de nombrenses racines formant au-dessus du
sol, et dès lors du collet des arbres dont elles sont issues
, de fortes courbures en arceaux qui n ’ont pas
moins, parfois, de deux à trois pieds. Qu’ils coupent
transversalement ces racines o u , plus simplement,
qu’ils leur enlèvent une couronne d’écorce vers le
sommet de la courbure, et ils auront l’année suivante
sur le moignon antérieur encore fixé à l’arbre un
léger bourrelet représentant une couche nouvelle. Ce
bourrelet se formera peut-être avec plus de facilité, si
l’on agit un peu au delà de la courbure supérieure.
Il en serait de même les années suivantes, si le plus
grand nombre de nos arbres indigènes ne jouissaient
du précieux avantage, qui dans ce cas est un inconvénient,
de donner rapidement naissance à des bourgeons
adventifs, dont les filets radiculaires ou descendants
refoulent, pour ainsi dire, ceux que l’arbre
envoyait naturellement dans cette partie de racifîe. Le
fragment redressé de racine qui reste attaché à l’arbre
et qui se couvre de végétation , est de tous points
comparable, pour les phénomènes qui s’y passent, aux
boutures renversées, dans lesquelles l’accroissement
ligneux en diamètre marche à contre-sens.
On sait que lorsqu’on pratique l’opération que nous
venons de signaler sur des racines verticales, le moignon
ou lambeau supérieur resté fixé au tronc, forme
à sa base un bourrelet et se couvre rapidement, sur