Tout le inonde connaît, maintenant, les attaques
passionnées et systématiques qui ont été dirigées
contre nos travaux anatomiques, et les efforts qu’il
nous a fallu faire pour les défendre et les faire triompher.
Peu préparé, nous le savions d’avance, pour la polémique
et les travaux d’érudition ; frappé, pour ainsi
dire, de mutisme, par suite de nos longues explorations,
on, ])0ur mieux dire, par les dix années de ces
muets et doux rapports que nous avons entretenus
avec la n a ture , avec les plantes tropicales , avec les
plus belles Heurs de la création, natuie, plantes et
fleurs que nous avons interrogées et qui nous ont répondu
en nous dévoilant leurs plus secrets et plus
charmants mystères ; nous étions, certes, nous faible
et entièrement inconnu, l’homme le moins bien préparé
qui se puisse trouver pour soutenir favorablement
une lutte avec des savants qui dominaient et égaraient
l’opinion publique, avec les plus brillants et les plus
verbeux avocats de la science, et les plus avantageusement
connus de ce t|u’ou est convenu d ’appeler la société
ou le monde, monde dont il est fort curieux de
trouver, en semblable affaire, la déploi'able mais réelle
influence.
Mais que pouvaient ces avantages factices, éphémères,
contre une volonté aussi solidement éprouvée
que la nôtre, contre des études aussi générales et approfondies
que celles que nous avons faites, contre des
résultats aussi nombreux et puissants que ceux dont
nous étions armé?
Le com b a t s’engagea — d u ra q u a tre ans et plus —
e t n o u s laissa sain e t sauf, e t q u o iq u e accablé de fatigue,
ma ître d u te rra in .
Tous les sav an ts c o n n a is sen t cela. Mais ce que
b e au co u p ig n o re n t e n c o re , c’e st qu e d u r a n t to u t ce
tem p s de ru d e s ép reu v e s, n o u s avons disséqué jo u r e t
n u it les én o rm e s tro n ç o n s de palmiers e t a u tre s mo-
n o co ty lé s q u i ren fe rm a ien t les v é rité s c o n te s té e s ,
v é rité s év id e n te s , a u jo u rd ’h u i, p o u r to u s les y eu x ,
excepté p o u r ceux q u i ne savent, ne p eu v e n t ou ne
v e u len t p a s voir.
Ces an a tom ie s so n t a c tu e llem en t d éposées au Muséum
d ’h is to ire n a tu r e lle , auquel n o u s en av o n s fait
h om m a g e , en n e n o u s ré s e rv a n t q u e le d ro it de n o u s
en se rv ir p o u r p o u r s u iv r e , to u te n o tre v ie , l’e rre u r
p e r s is ta n te , q u i, en fuyant, e t de b ien lo in , ose en co re
c h a n te r victoire.
Mais ce n ’est pas là le c h a n t d u cygne ; et si l’e rre u r
se b o rn e à c e la , n o u s serons assez généreux p o u r le
lu i p a rd o n n e r ; no u s excuserons to u t, to u t ab so lum en t,
h o rm is son re to u r !
Le but principal de nos deux derniers voyages était
de faire des recherches d’anatomie, de physiologie et
d’organogénie. C’est a cette condition que 1 administration
supérieure de la marine nous a accordé l’autorisation
d’embarquer sur les navires de l’État. Pouvions
nous sans faiblesse, disons le mot p ro p re , tout
déchirant qu’il soit pour quelcpies oreilles délicates,
sans lâcheté , laisser détruire sous nos yeux —■ nous
présent! les magnifiques résultats de nos deux pre