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286 lUÎCIIERCHES GÉNÉRALES
([lie cliatjue famille nalurelle végétale avait son organisation
générale propre, plus ou moins modifiée
dans chaque genre, dans chaque espèce, comme dans
chacun de leurs organes. C’est ce qne j’ai fait (1),
a})rès avoir reconnu toutefois que dans un très-grand
nombre de végétaux, outre l’aspect général et la
disposition des organes, aspect et disposition qui sont
si remarquables dans certains groupes, il y a encore
des caractères anatomiques constants dans la composition
des tissus.
Longtemps avant de considter le curieux et savant
ouvrage du célèbre Goethe sur les métamorphoses des
plantes, j ’avais reconnu, avec M. de Candolle et la
plupart des Itotanistes français et étrangers, l’analogie
qui existe entre les différentes parties dites appendiculaires
des végétaux, dont j ’avais suivi avec une sorte
d ’admiration les phases si diverses d ’accroissement et
de transformation.
A ce sujet, je dirai en passant que le nom de métamorphose
tel que nous le concevons aujourd’hui pour
les animaux ne peut, selon moi, être applicable aux
transformations des appendices foliacés des végétaux.
Dans les métamorphoses des animaux il y a changement
complet d’état, de nature. Quand le papillon,
par exemple, passe de l’état d ’oeuf à celui de chenille,
il se dépouille de sa coquille; la chenille qui en résulte,
en passant à l’état de chrysalide, et la chrysalide
à celui de papillon, perdent également leurs enveloppes
(\) Archives de botanique, décembre t8 3 3 , p. t8 .
SUR LA PHYSIOLOGIE DES VÉGÉTAUX. 287
organisées. Or, rien de tout cela n ’arrive dans les mé-
lamorpboses des plantes ; loin qu’il y ait soustraction
de parties organisées quelconques, il y a au contraire,
en général du moins, accroissement, modification et
conqilication organique dans les tissus comme dans
les fonctions vitales et dans les résultats, sans qu’il y
ait déperdition de parties, si ce n ’est dans quelciues
cas rares, comme celui d’émission de pollen, lorsque
certaines étamines toutes formées passent néanmoins
encore à l’état de pétales après avoir donné leur poussière
fécondante. C’est une des mille raisons qni m’ont
fait considérer tons les appendices foliacés comme
des êtres originairement similaires, mais dans des
états divers d ’organisation et de développement.
Ces miraculeuses transformations ou métamorphoses,
vulgairement et si improprement regardées
comme des monstruosités, ont été pour moi des sources
inépuisables d’études et d’admiration. A elles seules,
en effet, elles résument dans un fort petit cadre tous
les phénomènes de la vie végétative, ainsi que je chercherai
à le démontrer. Mais, avant tout, qu’il me soit
permis d’énumérer quelques-unes des métamorphoses
([ue j ’ai le plus étudiées, afin d’en établir une sorte de
classification jirovisoire dont je tirerai pins tard quel-
(|ue utilité d’application (1 ).
(t) Depuis que ces notes sont faites , M. Moquin-landon a ¡ui-
blié un excellent livre oi'i tout cc qui est connu sur les métamorphoses
et modifications des parties végétales a été convenablement
énuméré et souvent expliqué.
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