• Je vais Jonc, après avoir jeté en 1835 un coup
d ’oeil général sur Forganographie végétale, exaininer
aujourd’liui la physiologie et l’organogénie, sans entrer
toutefois dans les minutieux détails des expérimentations,
et sans m’inquiéter des distinctions ou des rap-
¡)orts qui existent entre ces deux parties.
La première question physiologique qui me préoccupa
dans ma jeunesse, quand, guidé par mon savant
maître Lefebvre de Villebrune, je me livrai à l’élude
des sciences naturelles, fut celle-ci : Les principes dits
immédiats ou particuliers des végétaux existent-ils tout
formés dans la terre et y sont-ils puisés par les racines,
on bien sont-ils créés de tontes pièces, d ’éléments
pris dans le sol, dans Fair et dans l’eau, par les organes
qui les constituent et les recèlent?
Les champs du Brésil et du Pérou, que j ’ai visités
depuis dans mes voyages, nourrissant, confondus ensemble,
tant de végétaux énergiques divers, fournissent
ils la strychnine aux strichnos, la quinine et la
cinchonine aux cinchonas, Féméline aux ipecacuanha
[cephaelis), la narcotine et la morphine aux pavots,
la jalapine au jalap, etc. ; les gommes, les résines, le
caoutchouc, la glu, les principes aromatiques, colorants,
etc., aux autres végétaux?
Laquelle de ces deux idées fallait-il adopter ; les
principes immédiats qui caractérisent les végétaux
sont-ils absorbés tout formés par leurs organes vivants,
ou ces principes sont-ils sécrétés, élaborés,
organogéniés par les tissus et créés par les organes ?
On ces principes immédiats, primitivement formés
et disséminés an sein de la terre, sont absorbes pai'
les racines et transmis aux organes spéciaux qui les
recèlent ordinairement; on ils sont puises a létal
d’éléments dans le sol, dans l’eau et dans 1 air, ou
dans les trois à la fois, el convertis en ce que nous
nommons principes immédiats par les organisations
générales de chaque famille et spéciales de chaque
genre, de chaque espèce.
Pour adopter la première de ces hypothèses, il eût
aussi fallu l'econnaître que les principales modifications
organiques résident avant tout dans les racines
qui, dans ce cas, jouiraient de la puissante faculté de
choisir parmi les mille et mille éléments qui caracté-
térisent les végétaux, ceux qui leur auraient le plus
convenu, et de celle de repousser au contraire tous
les autres.
Mais, alors, comment admettre la localisation de
ces mêmes principes, qui ne sont que fort rarement
distribués d ’une manière égale dans toutes les parties
des plantes, et qui, au contraire, se trouvent communément
relégués, les uns dans les feuilles, les autres
dans les diverses parties des fleurs, des fruits, des
écorces, des bois et des racines elles-mêmes? comment
admettre cette localisation, sans supposer encore que
chaque partie, c’est-à-dire chaque organisme modifié
par le milieu dans lequel il est appelé à remplir ses
fonctions, possède la faculté d ’attirer certaines substances,
et conséquemment celle d ’en repousser
d’autres?
En admettant l’autre hypothèse, il fallait supposer