toute son étendue, de liourgeons et de rameaux ( I ) ;
et que le lambeau inférieur resté fixé au sol, et dès
lors redressé, devient ordinairement la souche d’un
nouvel arbre. Ces faits, que nous avons longuement
décrits, sont aujourd’hui trop bien connus pour qu’il
soit nécessaire de s’y arrêter davantage.
C’est précisément parce qu’on n ’a pas cet inconvénient
à redouter pour les tronçons de tiges et de ra cines
des conifères, qui se montrent généralement rebelles
au bourgeonnement, que le bourrelet, dégagé
de toute entrave, croit incessamment pendant une
longue période d ’années, sous la protection de son
écorce qui s’accroît également.
Ce bourrelet de conifère, dès qu’il a franchi le bord
persistant du tronçon de l’ancien bois, se courbe sensiblement
de dehors en dedans, de la partie forte et
active extérieure sur les couches arrêtées plus anciennes
et plus courtes de l’intérieur, de manière à
recouvrir même Faire de ce qui reste de la vieille
tige. Tout nous porte à penser que si le sommet recourbé
de ce bourrelet atteignait le sol, ou seulement
l’humus qui se rassemble ordinairement au centre en
partie décomposé de la souche, il se convertirait en
véritables racines. Nous ne serions donc nullement
surpris qu’on en trouvât plus tard.
Ce que nous pouvons assurer, c’est que le bois nouveau
qui se produit dans les bourrelets est de tout
(1) Voy. Gaudichaud, Comptes rendus de l ’Acadcmic des sciences,
séance du 27 mai 1844, p. 977-978.
point semblable en organisation à celui du lambeau
persistant de lige sur lequel il s’est greffé, quoiqu’ils
se soient formés à contre-sens, l’un en descendant de
la partie supérieure de l’ancienne tige vers la racine,
l’autre en montant de la racine dans le tronçon persistant
de cette même tige. Ou trouve ici une nouvelle
confirmation de ce que nous avons depuis longtemps
avancé, à savoir, que, pour nous du moins, toutes les
couclies ligneuses situées en dehors du canal médullaire
ont exactement la même composition, et sont de
la nature des racines.
Maintenant, et quoique nous n ’ayons jamais vu ce
fait sur le vivant, nous ne balançons pas un seul instant
à déclarer, eu assumant toute la responsabilité
de notre dire, que ce sont les filets descendants ou
ligneux (quels que soient, pour le moment, les fluides
qui les produisent), qu’on rencontresur toutel’étendue
des tiges, desracines, etc., qui passent dans les souches
par leurs racines et vont constituer les bourrelets.
Ce qui le démontre bien, selon nous, c’est que, ainsi
que MM. Dutrochet, Charles Martens, etc., Font fait
remarquer, et comme les pièces déposées au Muséum
d’histoire naturelle par M. Dutrochet, le prouvent
sans réplique, ces couches, fort minces dans toute
leur étendue inférieure, sont deux ou trois fois plus
épaisses à leur extrémité supérieure ; phénomène qui
s’observe dans tous les bourrelets ligneux ou descendants.
L’accroissement progressif en bauteur du bourrelet
nous démontre aussi qu’il est dû à la pression
organo-pbysiologique du sujet entier.