Les iiuérêts de la science leur en imposent aujourd'hui
la loi.
Admettons toutefois, mais pour un instant seulement,
que ce sont bien des sucs nutritifs qui affluent
entre le bois et le liber et qui, par leur seule présence,
constituent la couche celluleuse génératrice ; que les
cellules de cette couche presque imperceptible dans le
plus grand nombre des végétaux, aient la faculté, sous
faction de ces fluides, de la séve, d ’une influence quelconque
des feuilles et des racines, de se transformer
spontanément et avec une rapidité surprenante, les
unes en fibres et vaisseaux du bois, les autres en fibres
du liber. Cette question complexe nous semble résolue
d’avance négativement par les seuls phénomènes
physiques qui vont nécessairement résulter de ces curieuses
actions physiologiques.
On sait depuis longtemps, et nos expériences longuement
continuées le démontrent sans réplique (1 ) ,
que les tiges des végétaux, dès qu’elles sont lignifiées,
ne s’allongent absolument plus et que le phénomène
d ’élongation des tissus quelconques qui se surajoutent,
ne peut avoir lieu que dans les parties supérieures mérithalliennes
des productions annuelles et dans les
tissus radiculaires, ligneux et libériens, qui sont aussi
des productions annuelles.
Comment aloi's, avec la théorie des métamorphoses,
expliquera-t-on l’allongement des utricules qui, mises
(I) Voy. Gaudichaud, Comptes rendus de l ’Académie des sciences,
séance du 10 mai 1847.
bout à bout, composent les vaisseaux du bois, ce qu’on
appelle les fibres ligneuses, et enfin les fibres beaucoup
plus longues encore du liber ?
H y a là un problème que les partisans des sucs
nutritifs et organisateurs et de tous les cambiums du
monde auraient dû commencer par résoudre avant de
proposer leur nouvelle doctrine à leurs élèves, ou au
moins avant de nous l’opposer.
On conçoit facilementque les vaisseaux mérithalliens
et radiculaires de Fécorce et dubois s’allongent en toutes
proportions par le développement naturel de toutes
leurs parties (mérithalliennes et radiculaires); mais
on ne comprend plus comment, les années suivantes,
les fibres et vaisseaux qui forment les nouvelles couches
de liber et de b o is, ont aussi de très-grandes dimensions
en longueur, comparativement aux cellules ambiantes,
qui, lorsqu’elles ont acquis de certaines proportions
normales pour chaque partie d’un végétal,
restent absolument stationnaires comme les régions
de tige dont elles font partie.
Les vrais anatomistes savent que les articles allongés
qui composent les vaisseaux ligneux et surtout les
fibres libériennes, acquièrent parfois d ’assez grandes
dimensions verticales. C’est ce que nous avons essayé
d’expliquer dans la théorie d ’accroissement en diamètre
des tiges par des phénomènes de descension.
Nos contradicteurs ont-ils tenté d’expliquer ces curieux
phénomènes par leurs principes distincts, en
ont-ils même fait mention? Pas le moins du monde.
Tout ce qu’ils nous disent à ce sujet, c’est que le
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