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Mais alors, dans nos climats tempérés du moins, la
saison est avancée, le soleil s’éloigne graduellement et
perd ainsi chaque jour de sa chaleur, conséquemment
de sa force excitatrice. Quelque affaiblis que soient
les organes appendiculaires développés ( ceux qui ont
constitué la végétation apparente de 1 année) , il leur
reste beaucoup plus de vigueur qu’à ceux de ces bourgeons
naissants, encore sans force d ’absorption, sans
puissance de végétation, et ils puisent au sein du végétal
jusqu’aux dernières gouttes de la séve vivifiante
qui s’y introduit ou s’y élabore.
Mais si à l’époque où la séve est encore activée par
la présence du soleil, un accident arrive aux feuilles
d’un végétal vivace, avant l’époque naturelle de leur
chute dans nos climats, avant qu’elles aient terminé
le cercle de leurs fonctions, si le soleil les brûle, si le
vent les froisse ou les détache, si les insectes les mangent,
ou enfin si l’bomme les arrache ou les détruit,
on voit alors les bourgeons préparés pour l’année suivante
se développer, donner encore des feuilles, des
fleurs et quelquefois des fruits.
Si après un été brûlant dans lequel la végétation
s’est rapidement accomplie, les chaleurs automnales
se prolongent un peu ou reviennent après de légers
frimas, on voit encore quelques plantes hâtives, trompées
en quelque sorte par l’apparence d’un doux
printemps, montrer témérairement leurs jeunes
feuilles, et souvent leurs fleurs {Æsculus).
Mais ces feuilles et ces fleurs ne tardent pas à être
punies de leurs efforts imprudents : elles tombent sous
SUR LA PHYSIOLOGIE DES VÉGÉTAUX. 327
les premiers souffles du n o rd , avec toutes les faibles
productions herbacées du reste de la végétation.
Les feuilles, dans nos climats, selon le rang qu’elles
occupent dans l’ordre de leur évolution, sont donc
susceptibles de développements organiques divers, ce
qui n’a pas lieu en général dans les régions tropicales,
où les bourgeons écailleux à feuilles ne se forment pas
ordinairement, et oû les modifications organiques ne
s’opèrent guère que dans les organes de la fructification.
Dans ces régions, cependant, d’autres changements
ont lieu , mais ils doivent s’opérer sous des
influences différentes ; citons pour exemple les feuilles
polymorphes. Les forces qui président à ces développements
marchent évidemment avec celles de la chaleur,
loe soleil, en s’avançant vers nos climats, favorise,
perfectionne et achève les organes végétaux, ainsi
que par son éloignement il entrave et arrête leur accroissement.
Cette force est d’une manière évidente
une force de circulation.
Personne aujourd’hui ne doute que dans le marronnier,
par exemple, l ’écaille la plus petite du bourgeon
ne représente réellement une feuille, mais une feuille,
bien entendu, réduite à un faible degré de développement.
Eh bien, il en est de même de toutes les parties de
la fleur, du calice, de la corolle, des disques, des
étamines, des nectaires, des ovaires, comme des
ovules et des appendices qui les forment. Mais quelles
sont les causes de ces dernières modifications?
Ainsi que je l’ai dit, toutes ces parties, selon qu elles