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milieux les plus favorables et vont ehercher au loin
un aliment plus abondant et plus substantiel. Quant
aux tissus qui l’ont produit, après avoir péniblement
parcouru les phases de leur vie cellulaire, ils s’épuisent,
se flétrissent et meurent d’ordinaire, lorsqu’ils
ne lui sont pas entièrement greffés et qu’ils ne partagent
pas en tout point son existence physiologique,
ce qui est rare dans la nature.
Ordinairement, le nouveau bourgeon (le simple
phyton même) répand la vie fonctionnelle dans des
tissus qui, sans lui, n ’auraient pu accomplir que la vie
cellulaire. Les preuves ne manquent pas. Si, par
exemple, on tronque un arbre en coupant transversalement
la tige au-dessous des branches, cet arbre
mourra infailliblement, à moins qu’il ne donne promptement
des bourgeons visibles ou latents.
S’il en produit, la vie physiologique, un moment
ralentie, se réveillera avec une nouvelle activité et
l ’on verra de vigoureux rameaux se former comme
par enchantement, et se couronner de feuilles dont
les prolongements radiculaires iront s’étendre à
la surface de tous les tissus ligneux anciens du
tronc (1).
Dans ce cas, les vieux tissus, selon leur nature organique,
animés par les nouveaux, peuvent s’unir à
eux par des greffes naturelles et vivre longtemps encore
de la vie organique qui leur est communiquée.
Les tissus vasculaires des uns vont chercher les tis-
(1) G audichaud, Organographie, tah. 17, fig. 8.
SUR LA PHYSIOLOGIE DES VÉGÉTAUX. 34S
sus vasculaires des autres; ils s’organisent et se marient
d’après les lois qui les régissent sous l’égide des
cellules (fluides cellulifères) qui les cimentent, les protègent
et les nourrissent.
C’est de cette façon que l’existence se perpétue dans
les végétaux : de nouveaux individus viennent vivifier
et nourrir les anciens, dont les organes sont en partie
épuisés et réduits à une faible puissance physiologique
et n ’auraient plus sans cela que l’existence annuelle
des plantes herbacées.
Tous les phénomènes ordinaires de la végétation
pourraient être pris comme exemples de ce fait, qui
renferme à lui seul toute l’histoire de la bouture, de
la greffe et celle des autres moyens artificiels de la
multiplication des plantes. Je me bornerai à signaler
les plus concluants.
La tige tronquée sur laquelle se développent des
bourgeons naturels ou greffés, les boutures de tiges,
de racines, de feuilles et de toutes les autres parties
végétales vivantes, sont spécialement les exemples
qu’il me faut citer à l’appui de cette supposition.
Les boutures sans bourgeons et sans canal médullaire,
celles surtout que j ’ai faites avec les racines du
Maclura, sont sans contredit, les plus remarquables.
Dans ces cas divers, les tissus ligneux ou radiculaires
des nouveaux bourgeons vont cbercber les tissus
ligneux des années précédentes, auxquels ils s’unissent
et se collent, tandis que ceux de la nouvelle écorce
se greffent plus ou moins inlimement avec ceux de
l’ancienne.