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PRÉFACE.
L’iiomme ne mesure jamais exactement ses aspirations
et ses entreprises à ses forces.
Si la nature l’a doué d’un peu d’idées, il faut qu’il
les [iromène incessamment jusqu’aux bords extrêmes
de sa sphère d’intelligence, jusqu’aux bornes toujours
trop étroites de son imagination. L’espace lui man-
([ue toujours. Si elle l’a fait naître observateur, il fend
sans cesse à marcher vers l’inconnu, à franchir tous
les obstacles qui le séparent d’un horizon trompeur
s’élargissant sans cesse devant lu i, et que dès lors il
est condamné ne jamais atteindre, puisque cet horizon
n’a pas de limites !
Ces réflexions nous sont suggérées par ce qui nous
arrive en ce moment, relativement aux engagements
que nous avons contractés depuis longtemps avec le
département de la marine, qui, s’il était moins profondément
éclairé, eût bien pu nous considérer, nous,
l’un des hommes les plus actifs du monde, comme le
plus insouciant, le plus oublieux et peut-être même le
|)lus incapable de remplir ses devoirs. En cela, d’ailleurs,
il n’eût fait que se conformer au jugement de
B o n i t e . — B o ta n iq u e . \