(jiiel<iucs prcleiuiiies graiitles intelligences de notre
cpo(|iie, à l’appréciation tro[) frivole et snperiicielle
desquelles nous avons en, dej)uis longtemps, le mal-
lienr d’être pour ainsi dire livré. En cette occui'rence,
qiielcpies mots de justification envers la marine est
tout ce (ju’il est convenalde et digne de faire; nous
allons remplir ce devoir.
11 est l)ien inutile de rappeler que, dominé par des
idées peut-être excessives, mais que nous avons tout
lieu de croire exactes, nous avons entrepris une revue
générale de tons les faits et de tontes les théories de la
phytographie, et que, depuis bien longtemps, nous
avons conçu, avec l’espoir et quelques chances de
l’accomplir, le j)rojet d ’établir d’utiles réformes dans
les différentes branches de cette vaste science, et surtout
en organograpbie, en physiologie et en organogénie.
Tous ceux qui connaissent et comprennent bien la
faiblesse d’organisation de l’espèce humaine et la puissance
dominatrice, tyrannique même que la moindre
des idées peut exercer sur elle, concevront à quel
point nous avons dû être absorbé, obsédé, par
celles qui se sont emparées de nous, et q u i, depuis
vingt ans, nous dirigeant inflexiblement dans la route
<[ue iK)us avons laborieusement tracée et jalonnée de
mille faits aussi nouveaux que solidement établis,
nous conduisent vers un but longtemps pressenti, visible
maintenant pour tous, et que nous sommes incontestablement
assuré d’atteindre |>rochainement.
Si nous avions besoin d’une excuse, nous nous appuierions
sur ce fait constant, et nous serions sûr
d’être compris et absous.
Chacun le s a it, en effet, nous naissons tous avec
une faculté spéciale prépondérante qui nous presse,
nous attire, nous entraîne presque malgré nous, et aux
inspirations de laquelle il nous faut forcément obéir,
sous peine de briser notre nature, notre raison, notre
vie; la nôtre, à nous, car chacun a la sienne , toute
petite qu’elle est, nous a guidé vers les travaux d’observation
, de méditation , de coordination ; aussi,
obéissant aux lois de notre être nous y sommes-nous
abondonné sans la moindre résistance, heureux au
contraire de suivre les élans du bon génie qui nous
inspirait et nous guidait, et qui, en nous soutenant de
sa main puissante, nous a donné la force de résister
aux fatigues de nos trois longs voyages nautiques,
aux épreuves des plus rudes explorations qui aient
jamais été faites, comme aux imprudentes attaques
de quelques phytotomistes q u i, comme n o u s, mais
dans un autre sens, avaient oublié de mesurer leurs
forces.
Est-ce à dire, pour cela, que nous ayons négligé les
travaux de la botanique de la Bonite? Non, certainement
!
Nous les avons au contraire commencés avec un
zèle dont il nous est permis d’être fier, et dont l’atlas
est une preuve irrécusable; et le monde savant sait
très-bien qu’ils seraient depuis longtemps terminés
sans les injustes entraves qui nous ont été opposées,
et que nous avons dû briser à jamais.