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M
montaient dans les tiges pour en augmenter le diamètre
et pénétrer ensuite dans les jeunes feuilles, les
bourgeons naissants, etc. Selon eux, tout monte,
même les mille petits fdaments des bourgeons axillaires
ou autres qui relient ces bourgeons aux rameaux
ou aux scions (1 ).
On avait beau leur prouver expérimentalement et
logiquement que rien de vasculaire n ’existait à l’origine
dans les embryons, que rien qui fût le moins du
monde de cette nature ne pouvait y monter, que
tous les fdets comme les autres tissus s’y engendraient
entièrement, que les filets des racines différaient essentiellement
par leur nature, leur disposition et leur
organisation de ceux des tigelles et autres organes
méritlialliens, etc., rien n ’y faisait, il fallait à toute
force que tout montât, du sol sans doute dans les racines,
des racines dans les tiges, dans les branches, etc.,
ce qui tendait à nous ramener à ces temps heureusement
très-éloignés, où l’on croyait que la matière
organisatrice existait toute formée dans la nature.
Ce n ’est que lorsque nous leur avons montré des
bourgeons adventifs , nés à la périphérie des tiges
tronquées (2), au contact des tissus ligneux entièrement
différents de ceux qui apparaissent les premiers
dans ces bourgeons, qu’ils ont commencé sinon
à croire à nos assertions, du moins à douter des leurs.
Des tiges d’arbres coupées transversalement au-
(1) Voy. Gaudichaud, Organographie, pl. 2 , fig. 5, 6 ; pl. S,
fig. 8, 9, 14; pl. 8, fig. 4, n, n; pl. 16, fig. 22, 23.
(2) /d ., ib., pl. 17, fig. 8, h, d, e.
dessous des bl anches produisent, en effet, vers le
sommet de leurs souches, de nombreux bourgeons
adventifs (1). Ces bourgeons, situés à cinq, dix ou
quinze centimètres du canal médullaire, ne peuvent
en recevoir ni les tissus, ni même les influences, et
cependant les jeunes rameaux qui résultent du développement
de ces bourgeons ont un canal médullaire,
des trachées el tout ce qui constitue le système ascendant,
exactement comme le tronc principal. Ces bourgeons
naissent dans le tissu cellulaire situé entre le
bois et l’écorce, et il n ’y a de trachées ni dans les
tissus de l’écorce, ni dans le parenchyme sous-jacent,
ni dans les couches extérieures du bois. Ainsi que les
embryons des deux règnes, ils ont donc la faculté
d ’engendrer tons les organismes qui les composent.
Le phénomène est plus manifeste encore sur les
bourgeons qui naissent des racines où il n ’y a pas
même le prétexte d’un canal médullaire (2).
La logique seule ne nous indique-t-elle pas assez,
d ’après ces faits, qu’il doit en être ainsi partout et
toujours, et que les individus ou pbytons qui naissent
et croissent sur les vieux arbres comme sur les jeunes,
ou enfin, sur des fragments isolés de toutes les parties
des uns et des autres (3), ont la faculté d’organiser,
comme d’ailleurs les animaux, tout ce qui entre
(1) Voy. Gaudichaud, Oi-ganographie, pl. 17, fig. 8, a ,b ,d ,e .
(2) Id ., ib .,R g . %, f ,g,h.
(3) Voy. Gaudichaud, Recherches générales sur la physiologie et
Vorganogénie des végétaux. Comptes rendus de VAcadémie des scien..
ces, séance du 27 juin 1842, p. 1012.