§. Y I I ,
Crocodile fossile de la montagne de St.-Pierre
de Maestricht«
La tête de oe crocodile, car on ne peut plus
l'évoquer en doute qu’elle n’ait appartenu à un
animal de cette famille ( i) , est un des objets les
plus curieux en géologie; elle fut trouvée, en 1780,
dans le massif des grandes carrières de la montagne
de St.-Pierre de Maestricht, sur une partie
de galerie intérieure , qui s’étend à plus de cinq
cents pieds en avant dans la montagne, et qui est
surmontée de plus de quatre-vingt dix pieds d'épaisseur
, de pierres ou de galets qui forment le
plateau supérieur.
Cette tête qui a quatre pieds de longueur, n’est
point pétrifiée , mais simplement dans un état fos-
siie ; les os maxillaires ont la même couleur fauve
que ceux qu’on trouve dans les carrières de Mont(
1) Mémoire cle Camper fils, adressé à, Cuvie r , sur
les ossements fossiles de Maestriclit, dans lequel ce naturaliste
se range de mon opinion contre celle de son,
illustre père, et considéré, d’après beaucoup de preuves,
la tête en question comme ayant appartenu à un crocodile
d’une espèce particulière, Journal de physique- %
1800,
martre près de Paris ; l’émail des dents , quoique
de la même teinte, conserve encore une partie
/de son éclat; la racine, qui est grosse , est plutôt
pierreuse qu’osseuse, et d’une couleur plus pâle;
mais la seconde dent, qui sort de cette racine ,
est fauve comme la dent principale.
Les os maxillaires qui composent cette tête ,
sont au nombre de quatre ; un de ceux-ci a été
fracturé , et il 11’en reste qu’un morceau, où l’on
compte quatre dents bien conservées , avec les
dents secondaires à côté qui montrent leur pointe ;
la figure que j’en donne planche VIII bis , la
peindra mieux à l’oeil que tout ce que je pourrais
en dire dans ce discours.
Cette tête est dans une pierre sablonneuse, tendre
et friable, de couleur un peu jaunâtre, composée
de petits grains de quartz, et. de beaucoup de molécules
calcaires, provenues de la décomposition des
coquilles et autres corps marins, ainsi que de plusieurs
coquilles microscopiques entières, qui ont
échappé à la destruction.
Voilà donc sept crocodiles fossiles, dont on ne
peut contester l’existence.
J’ai eu l’avantage d’examiner moi-même, cinq
des plus remarquables de ces étonnantes dépouilles
d’animaux amphibies.
En les réunissant ici dans un même cadre , avec
l’indication exacte des localités, j’ai eu en vue de
rendre un double service à la Géologie ; le premier,
de tracer l’esquisse d’un tableau que d’autres pour