qu’ils tendent à démontrer que le nombre des dents
ne saurait jamais établir un caractère spécifique
constant, si on voulait le considérer isolé , puisque
le nombre de ces dents est sujet à varier, du moins
dans plusieurs animaux $ l'on s’exposerait donc à
tomber dans des erreurs, si dans l’examen d’une
tête fossile de rhinocéros , par exemple , on prétendait
en former une espèce nouvelle , qu’on
regarderait comme perdue , lorsque le nombre
des dents serait moindre, ou se trouverait plus
considérable , que dans les rhinocéros vivants
qu’on aurait été à portée d’examiner. J’insiste
sur ce sujet, j’y reviendrai même plus d’une fois
lorsque l’occasion s’en présentera.
J’observe qu’il n’y a pas de très-grands inconvénients
à multiplier un peu trop les espèces dans nos
méthodes systématiques ou artificielles , relativement
aux animaux, mais il y en aurait de très-nuisibles
à la recherche de la vérité à laquelle nous devons
tous nous attacher , et de très-contraires à
l’avancement de la géologie $ car , en créant ainsi
des espèces qui n’ont jamais existé, l’on ferait longtemps
des efforts pour chercher à en reconnaître
les analogues, ou plutôt pour découvrir l’erreur qui
aurait donné naissance à .ces prétendues espèces..
Camper dessina, en 1786, à Londres, la tête
d’un rhinocéros d’Asie du Muséum britannique,
et il confirma les observations de Buffon, de Dau-
banton et de Méckel , sur les dents incisives qui
caractérisent cet animal unicorne, et qui man-
>
R H I N O C É R O S , d ’ A F R I Q U E , l q n
quent au rhinocéros d’Afrique , qui en outre est
bicorne , ainsi que nous allons le voir 5 cependant
un sentiment de justice m’oblige de dire que
le docteur Parson , auteur d’une histoire naturelle
du rhinocéros, publiée à Londres en 1740, et dans
laquelle il y a de bonnes observations, paraît être
le premier qui a établi la ligne de séparation entre
le rhinocéros unicorne , et celui à deux cornes ,
et il a dit affirmativement qu’ils formaient deux
espèces.
R H I N O C E R O S D ’ A F R I Q U E .
D E U X I È M E ESPÈCE.
La tête plus allongée que celle du rhinocéros
d’yhsie, deux cornes inégales, la plus grande,
plus rapprochée du museau ; point de dents
incisives.
Voyez, pour la figure de la tête de cet animal ,
la planche 9, fig. 2 , et pour le squelette de la
même tête, dessinée d’après celle des galeries anatomiques
du Muséum d’histoire naturelle de Paris ,
la planche 10, fig. 2, avec le profil à côté sur
une plus grande échelle, afin de mieux faire sentir
l’absence des dents incisives.
Cette espèce bien caractérisée, est encore sujèle
à éprouver des variations dans le nombre des
dents, ainsi que l’espèce d’Asie : nous allons en
donner un exemple.