caractères distinctifs et classiques des rhinocéros
africains actuellement vivants ; mais, voici quelques
légères ditférences qui font douter à l’habile professeur
d’anatomie du Muséum, que ce soit strictement
la même espèce 5 la tête est un peu plus allongée
que celle du rhinocéros ordinaire d’Afrique :
pour qu’une telle objection eût quelque fondement
, il serait nécessaire et même indispensable
d’abord, d’avoir à notre disposition un assez grand
nombre de crânes de rhinocéros des diverses régions
de l’Afrique, pour les comparer, et s’assurer
si jf influence du climat, dans telle ou telle partie
de ces contrées , la nourriture , les habitudes , la
nécessité plus ou moins grande de se défendre
contre leurs plus redoutables ennemis, et d’exercer
l’arme principale dont la nature les a pourvus,
c’est-à-dire la défense nasale , n’ont pas opéré
quelques modifications sur la forme et la solidité
de la boëte osseuse. Le savant et excellent livre
de mon respectable ami Blumenbach, sur les formes
diverses des crânes humains , choisis parmi les
races principales des peuples de l’un et 1 autre hémisphère
, depuis le samoïède , jusqu’à l’homme
sauvage de la Nouvelle Hollande , nous donne
l’échelle des modifications et des variétés que peut
éprouver , dans les formes , la partie où l’homme
a cru devoir placer le siège de ses pensées. Je
n’entends pas parler ici , au reste , de ces modifications
accidentelles opérées par l’art chez quelques
peuples sauvages , mais de celles occasionnées par
î influence du climat, de la nourriture , des habitudes
, etc. : pourquoi donc les animaux ne seraient-
ils pas soumis aussi aux memes lois? V" oyez ce que
Lufîon , dans ses vues générales sur les animaux
a écrit en maître et en philosophe sur ce grand
sujet.
On a dit aussi que la cloison nasale , dans les rhinocéros
bicornes fossiles , était osseuse, tandis que
dans les rhinocéros bicornes d’Afrique, cette cloison
n’est que cartilagineuse ; il me semble que cette
objection est moins fondée encore que la précédente.
Les rhinocéros qui nous sont arrivés vivants
d’Afrique , sont en général de jeunes individus ,
qui donnent beaucoup moins de peine à chasser,
à prendre , et à conduire ; il n’en a même été
amené que rarement en Europe. Le Muséum,
d’histoire naturelle de Paris , 11’en possède qu’une
seule peau préparée, dans les galeries de zoologie,
et certainement l’animal à qui elle a appartenu,
était tres-jeune. On voit aussi le squelette de la tête
d’un second , et la peau d’un jeune individu d’Afrique
dans les mêmes galeries. J’en ai vu un troisième
en très-bon état, et d’un âge un peu plus
avance, dans le cabinet d’histoire naturelle de
Manheim , mais il est bien loin encore d’avoir son
accroissement ; ainsi, il n’est pas étonnant que dans
les jeunes individus la cloison nasale ne soit encore
que cartilagineuse, puisque nous avons l’exemple ,
non seulement chez les animaux âgés, mais chez