520
telles, qu’il perd un temps infini pour pouvoir
atteindre l’arbre dont il doit ronger l’écorce ou
manger la feuille ; peut-on, dis-je , sans s’écarter
directement, de l’ordre naturel, et de cette distribution
progressive de force , de puissance, dé-
p iriic- aux êtres dans de certaines proportions,
et qui tient à de grands moyens d’organisation,
assimiler de si vastes colosses, et les mettre sur la
même ligne , ou même dans le voisinage des la-
tous , des pangolins et des paresseux ? J’ose dire
que je ne le crois pas.
Car Cuvier, lui-même, ne nous a-t-il pas dit que
les paresseux ont une lenteur, une difficulté de se
mouvoir, qui paraît en faire des êtres vraiment
misérables ; ajoutez à cela que leurs doigts sont
joints jusqu’aux ongles, ce qui leur en ôte presque
l’usage : aussi dit - on que lorsqu’ils ont dévoré
toutes les feuilles d’ un arbre, ils se jètent
simplement à bas , pour en gagner un autre en
rampant ; que pour peu qu’il soit éloigné , le
paresseux emploie plusieurs jours au trajet, et
qu’ il maigrit considérablement (i): D’après ce
tableau, je ne crois pas que les plus grands amis
des méthodes systématiques , s’empressent , sans
autre examen , de placer le Mègalonix , ce fort
et terrible animal, à côté des fourmilliers, des
tatous ou des paresseux.
( 1 ) O l i v i e r , t a b l e a u é l é m e n t a i r e d e s a n i m a u x ; p a g .
Mais où placer , dira*-t-on , un quadrupède de
cette espèce ? Je répondrai qu’il faut le tenir, en
quelque sorte , comme en ré s e rv e ju sq u ’à ce
que de nouvelles découvertes ou d’autres circonstances
favorables nous mettent à portée d’avoir
des idées plus justes sur ce singulier animal , qui
diffère si considérablement des autres grands quadrupèdes
connus par la tête, par les dents et
par les pieds armés d’espèces de griffes.
Déjà la Nouvelle Hollande nous a fourni plus de
dix quadrupèdes nouveaux et deux en dernier lieu
qu’on n’aurait pas manqué de regarder comme
des espèces perdues, si on les avait trouvés dans
l’état fossile : les ornithoringues.
Le premier, Platypus Anatinus, décrit et figuré
par Wiedmann ( 1 ) ; le second , non moins extraordinaire,
a le faciès d’un gros hérisson, et le
museau d’un fourmillier , ornigho rhynchus hys-
trix , décrit et figuré par M. Home , trans. phi.
1802. M. le chevalier Bancks a enrichi le Muséum
d’histoire naturelle de Paris, de ces deux
rares quadrupèdes. Je ne fais pas mention ici du
banguro de haute taille , ( didelphis gigantea
Lin. ) , ni du banguro rat ( didelphis murina Y,
que tous les naturalistes connaissent, et qui vivent
aussi dans la Nouvelle Hollande ; je ne rappèîeces
laits, que parce qu’ils nous laissent l’espoir que cette
(1) Archiv. Sur zoologie und zootomie, par Wiedmann ;
in - 8°. , pag. 175.
Tome 1er» 21