L ’incognitum de l ’Oliio est donc un éléphant
d’une espèce particulière 5 Cuvier et tous les autres
zoologistes sont du même sentiment avec raison.
Voici quelques caractères qui lui sont propres , et
que je puise dans le savant ouvrage de Camper fils,
qui a traité cette question.
a En résumant en peu de mots les caractères
» spécifiques de l’espece fossile de 1 Ohio , 1 on
)> verra qu’elle se distingue des autres.
)> i°. Par l’extrême solidité de la charpente du
» squelette ;
» 20. Par des mâchoires plus longues d’un tiers $
naturelle, un certain instinct lui faisait toujours reconnaître
la vérité. Daubeuton attribuait les molaires
de l’animal de l’Ohio , à une grande espèce d’hyppopo-
tame ; William H anter chercha, de son côté, à démontrer
que jamais ces mêmes molaires n’avaient pu servir à
un éléphant, et il en fit un carnivore armé de défenses.
Camper se mêla de la discussion ; « puisqu’il est prouvé ,
« dit-il , que cet animal est armé de longues defenses ,
K il ne saurait prendre sa nourriture sans une trompe ;
« c’est donc un éléphant, mais d’une espèce particulière
» et inconnue » : cette conclusion , qui était fondée, fut
développée dans un mémoire que Camper adressa ensuite
à la société impériale de Pétersbourg, en 1777.
Quelque temps après , Michaëlis qui avait demeuré
à Philadelphie , en rapporta un fragment très-considérable
de la mâchoire supérieure de l ’animal de
l’Ohio ; il crut y voir un animal étranger à l’éléphant,
et il en fit un quadrupède d’une nouvelle espèce. Camper
)) 5°. Par des molaires plus nombreuses, d’une
» structure moins composée que celle des autres
» éléphants, et enchâssées séparément dans des
)> alvéoles régulièrement cloisonnées ,*
)) 4°. Par une plus grande obliquité de la liane
» faciale , puisqu’enfin il est prouvé qu’avec des
» mâchoires si extraordinairement prolongées,
)) les molaires ne pénètrent dans les os maxillaires
)) que de trois ou quatre pouces 5 le front doit donc
É avo*r été moins élévé que dans l’espèce d’Asie ,
)) dont les alvéolés ont jusqu’à six ou sept pouces
î> de profondeur, et dont les couronnes débordent
fit l’acquisition de ce morceau capital, l’examina, l’étudia,
le compara, et renonça à sa première opinion ; il fit
plus encore, il la rétracta dans un second mémoire adressé
à l’académie de Pétersbourg. Son fils a démontrer, dans
l’ouvrage qu’il vient de publier, que son père avait bien
vu la première fo is , et s’était trompé la seconde , pour
n avoir pas ‘envisage cette mâchoire supérieure dans sa
véritable position. Voyez, pag. 21 de la description de
l’éléphant.
Il en fut à-peu-près de même de l’animal de Maes-
triclït ; Camper le considéra , en le voyant pour la première
fois, comme un crocodile d’une espèce nouvelle •
cherchant ensuite à le comparer avec d’autres animaux
il lui trouva quelques rapports par la dentition avec un
dauphin, et il en fit un physeter d’une espèce inconnue*
il envoya à ce sujet un mémoire à la société de Londres.
Il se trompait encore ici y j ’ai osé être d’un avis contraire
, son fils a prouvé que j ’avais raison.