M. de Puységur, maire de Soissons, a fait parvenir,
de son côté, au muséum d’histoire naturelle
de Paris , un mémoire postérieur à celui dont j ’ai
fait mention, dans lequel il établit trois divisions
parmi les tourbes sulfureuses du département de
P Aisne , relativement à leur qualité et à leur nature
; il a très-bien observé que des bois sont entrés
dans la formation de cette tourbe, et il a cru
même y reconnaître l’espèce de chêne qui produit
le liège. En disant un mot de la mine de Vil-
lers , M. de Puységur ne manque pas de faire
mention des succins qu’on y trouve ; il dit que les
uns sont en morceaux détachés, e t cVautres a dh é ren
ts entre F écorce e t V a u b ie r des bois q u ’on
en retire. Le fait est exact, et est démontré par
un échantillon qui accompagne le mémoire , où
le succin se remarque entre une couche ligneuse
de bois très-noir. Il est difficile de prononcer si
le succin est entre l’écorqe et l ’aubier ; mais il est
très certain qu’il forme comme une petite plaque
entre deux couches de bois dans une partie où le
succin esta découvert. Cet observateur éclairé a
donné les mesures d’une des mines de tourbe
exploitée à ciel ouvert, et dont on tire ce qu’il
appèle la première espèce de tourbe.
« L ’épaisseur de la tourbe , dit M. de Puysê-
» gur , est de quatre à cinq pieds , presqu’hori -
» sontale , légèrement inclinée et remontant vers
» le sud.
» Au-dessus est une couche de terre noire ar-
>) gileuse.
î) Ensuite une couche d’écailles d’huîtres par-
y> faitement conservées avec leurs nacres envelop-
» pées dans la même terre que celle de la couche
» précédente 5 son épaisseur est de même d’envi-
j) ron deux pieds.
» Vient ensuite un banc pyriteux très-dur, que
)> les ouvriers ne peuvent casser qu’avec la piquey
» quoique cependant chaque partie détachée soit
p friable et peu compacte $ ce banc n’a guère
» qu’un pied.
j) Au-dessus de ce banc vient une couche de
» coquilles bivalves, mêlées dans une terre moins
)) noire que la précédente 5 son épaisseur est de
» trois pieds.
)> Ce dernier est recouvert par différentes cou-
3) ches de sable, plus ou moins colore , au-des-
» sus desquelles se trouvent environ huit pieds
3> de terre végétale , produisant du très - bon
3> froment j ce qui place la mine de tourbe à quinze
3) pieds environ du sol supérieur. Cette mine s’ex-
3) ploite a ciel :ouvert. (î)
» La tourbe q u i, lorsqu’on la tire, est froide et
3) inodore, s’échauffe d’abord et prend ensuite feu
3> en scintillant, dès qu’elle est exposée en tas à
( i ) Cette mine de tourbe , exploitée à ciel ou v er t,
est dans les environs de Soissons ; il eut été a desirer
que M. de Puységur eût désigne nominativement c e lle
tourbière , dans son mémoire manuscrit adresse au x
professeurs du muséum d’histoire naturelle.