et je prie M. Poiret lui-même de ne pas prendre
en mauvaise part mes observations ; mon seul but
est d’établir une distinction que je crois d’autant
plus nécessaire , qu’au premier aspect, les deux
sortes de tourbes dont il est question, peuvent être
confondues , quoique leur origine soit bien différente.
C’est parce que M. Poiret est très - ins-*-
truit, et que son opinion peut entraîner celle de
plusieurs personnes, que j’ai dû traiter çette question
avec quelques détails.
Voici encore de nouveaux faits qui viènent à
l’appui de ce que j’ai avancé ; on me reprocherait
justement de les passer sous silence , car ils présentent
beaucoup d’intérêt. M. Alexandre Gérard,
contrôleur des contributions dans le département de
l’Aisne a envoyé au muséum une suite très-intéressante
d’échantillons de succins , de bois fossiles ,
de pyrites et d’ossements trouvés dans une tourbière
de ce département, avec l’ordre des couches
que je vais transcrire ici, ce qui formera, avec un
autre fait, le complément de l’histoire naturelle
des principales tourbières ligneuses du département
de l’Aisne.
O rd r e des couche s de la tou rbière de V i l -
l e r s - e n - P r a y e r , a u n o rd du v i l la g e de
c e n om .
pieds. pces,
ÎO
i4
Couches.
i Terfe cultivée, dix pouces , ci . .
a Sable fin , mêlé de petits lits de
galets siliceux j quatorze pieds . .
5 Glaise verte sablonneuse , huit
p o u c e s ................................ ..... . 8
4 Glaise grise , plus foncée vers le
bas, deux pieds six pouces . . 2 6
5 Couche de sable blanc quartzeux,
très-fin , six p o u c e s ...................... 6
6 Tourbe (i) dont le dessus de la
couche est mêlé de beaucoup de
pyrites, trois pieds six pouces. . 5 6
( i) C ’est dans cette tourbe qu’on trouve beaucoup de bois
fossiles, en partie carbonisés, quelques os d’animaux de la
grosseur de ceux du boe u f, mais dont on ne saurait déterminer,
avec certitude, l ’espèce d’animaux auxquels
ils ont appartenu ; du succin en fragments arrondis ,
d ’autre en fragments anguleux , qu’on trouve assez
abondamment dans la partie de la tourbe qui est la
plus compacte ; i l y a de ce succin qui est très-transp
a r en t , et d’un jaune de soufre très-agréable ; d’autre
d ’un jaune de souci. L ’on trouve , de distance en distance ,
dans le centre de la coucbe de tourbe , de petits dépôts
particuliers , de deux ou trois pouces d’épaisseur , sur
deux ou trois pieds de longueur , où l ’on vo it des parties
ligneuses qui ont passé à l ’état de véritable charbon de
bois. L ’on a découvert aussi quelques larmes de succin,
entre les mamelons de quelques pyrites au-dessus de la
couche de tourbe.
On trouve après la tourbe une couche de glaise ; et
comme on n’est pas allé plus a v a n t , on ignore combien
i l existe de lits de tourbe à une plus grande profondeur.