162 D E S C R O C O D I L E S
parlerons bientôt, elle est au contraire comme
un noyau solide moulé dans l’intérieur de la
pierre jusqu’au museau, où l’on voit cependant des
vestiges de matière osseuse, blanchâtres et calcinés ;
cette matière recouvre une partie de la mâchoire ,
c’est-à-dire le noyau pierreux qui lui sert de
support.
Cette belle pétrification est d’autant plus remarquable,
qu’on peut sortir cette mâchoire du marbre
çoquillier dans lequel elle est renfermée, et qu’ai ors
on voit le creux qu’elle a formé , comme si elle
y eût été moulée.
C’est par la facilité qu’on a de tirer cette mâchoire
de sa niche, qu’on peut l’observer en dessus et en
dessous, ce qui permet de reconnaître que ces os
ont appartenu à la mâchoire supérieure d’un crocodile.
On distingue très-bien aussi vers les parties de
la tête les plus voisines du museau, des restes de
dents qui ont été brisées, et qui sont au nombre
de onze d’un côté, et de cinq de l’autre 5 on y
voit la partie osseuse blanche , mais friable , qui
pénètre jusque dans le fond de l’alvéole , et
permet quelquefois de distinguer des traces de la
seconde dent.
C’est donc ic i , incontestablement un crocodile
asiatique, aussi bien caractérisé que celui de Darmstadt
, quoique d’une conservation moins parfaite 5
ma s il a peut-être quelqu’avanlage sur le premier,
par la facilité qu’on a de sortir les os maxillaires
1
F O S S I L E S . iG3
de leur étui pierreux, si je puis employer cette
expression, et sur-tout par des cornes d’ammon,
et une belle carame, qui se trouvent implantés dans
la pierre, et confondus avec les restes de ce crocodile.
Ce sont ces corps marins qui engagèrent Monsieur
Collini,, qui a décrit, avec une scrupuleuse
exactitude, cette tête dans les actes de la société
electorale de Manheim, à la considérer comme
ayant appartenue à un habitant de la mer , sans
songer même à l’assimiler à aucune espèce d’animal
terrestre ou amphibie, parce qu’il était dans la persuasion
que rien de tout ce qui est fossile , en
fait d animaux ou de plantes', ne devait ressembler
a ce qui était vivant j cette espèce de préjugé détourna
son attention du vrai but, et il ne chercha
des objets de comparaison que parmi les animaux
de la mer, dans la conviction même, que ces animaux
marins ne devaient pas avoir une ressemblance
exacte avec les fossiles.
(( Car, dit ce savant, soit qu’en considérant la
» conformation de cette tête , on veuille qu’elle
)) viène d’un animal marin, mais différent de tous
)) ceux qu’on connaît -, soit qu’en considérant en
» général la structure de sa partie antérieure on
)) présume qu’elle ait appartenue à un animal de
» l’espèce de la scie ou dé celle de l’espadon • if
» sera toujours vrai que ce zoolithe servira encore
)) à prouver que les animaux fossiles diffèrent
» en tout ou en partie des animaux qui nous