Cependant les rhinocéros fossiles, découverts en.
Allemagne et en Sibérie, nous présentent une espèce
de bicorne, qui a de très-grands rapprochements
sans doute avec l’espèce Africaine, mais qui en
diffère par la longueur de la tête, et par une cloison
épaisse et solide, qui soutient l’extrémité de
l ’os nasal, et réunit la partie antérieure de la mâchoire
supérieure, ainsi qu’on peut le voir, planche
X I , dans les trois têtes fossiles que j’ai fait graver,
dont une tirée de Pallas est complette 5 mais comme
cette cloison n’a pas toujours existé sous forme
osseuse, et que les trois têtes dont il s’agit, offrent
en quelque sorte les divers degrés de progression et
d’accroissement de cette cloison, il est à présumer
qu’ellen’a pas toujours été de même, et dans ce cas
l ’os inter-maxillaire supérieur n’aurait pas été constamment
adhérent à la voûte nasale. L ’on verra
bientôt que cette observation n’est pas autant indifférente
qu’on pourrait le croire, et que son application
est propre à lever une grande difficulté.
Cette difficulté consiste en ce que, si les rhinocéros
bicornes fossiles trouvés en Allemagne , appartenaient
en effet à l’espèce d’Afrique , qui est aussi
bicorne, nous aurions bien de la peine à concevoir
que les restes de ces animaux, tirés de leurs places
natales, et transportés, selon toutes les apparences
par un déplacement prompt et rapide des
eaux de la mer , se trouvassent mêlés et confondus
avec des crocodiles et autres animaux Asia-
Car celui qui sait qu’on ne voit pas la nature
dans un cabinet avec un microscope, ou sur de
petits échantillons , artificiellement classés , n’ignore
pas que de grands faits dépendent nécessairement
de grandes causes générales, et que dans
ces circonstances , la nature a une marche , en
quelque sorte régulière , dans ses moyens de déplacement
et de transport, comme elle en a une
dans ses moyens de reproduction.
En effet, depuis que l’on a porté un oeil observateur
sur les terrrains d’alluvions, qui recèlent
les cadavres de tant d’animaux exotiques, l’on a
cessé de croire qu’ils eussent vécu autrefois , sous
les latitudes où on les trouve, et l’hypothèse de
Buffon, quoique belle et grande, ne saurait se soutenir,
du moins quant aux animaux terrestres, lorsque
leur gissement, au milieu des argiles, des sables,
des galets, et des autres débris de matières pierreuses,
suppose nécessairement l’action brusque et
violente d’une vaste mer, qui paraît s’être jetée,
par l’effet de quelques catastrophes ,d’un point du
globe à l’autre, et avoir entraîné et balayé, tout
ce qui se présentait devant elle.
Les animaux nombreux qui ont succombé dans
ce désastre, et dont la charpente osseuse, ensévelie
sous ces décombres , a pu résister à la destruction,
nous permettent, lorsque quelques circonstances les
mettent au jour, de. distinguer le plus souvent les
differentes espèces auxquelles ils ont appartenu ;
or , ces especes, si elles sont Asiatiques, par exern