C H A P I T R E X I Y.
D E S V E G E T A U X F O S S I L E S .
Vues générales.
P u jsq u ’u n grand nombre d’animaux terrestres ,
dont on retrouve encore les dépouilles, ont été les
victimes d’une révolution, qui a entraîné leurs cadavres
et les a disséminés à de grandes distances et
loin des lieux qui les avaient vus naître, il est hors
de doute, qu’à celte même époque, le globe avait eu
de grandes parties à découvert, et qu’une terre
féconde devait étaler toutes les richesses et tout le
faste d’une végétation capable de nourrir cette multitude
de quadrupèdes et autres êtres organisés ,
dont le nombre et la progression vont, sans cesse,
en raison croissante du nombre et de la masse de
ces végétaux.
Nous devons d’après cela , retrouver des bois
epars et accumulés, et même des bois exotiques,
par tout où nous rencontrons des animaux fossiles.
Je ne dis pas précisément dans les mêmes places,
parce que leur pesanteur et leur légèreté spécifiques
, doivent leur avoir fait prendre quelquefois
des directions différentes ; mais nous devons
les retrouver partout où la mer, dans son déplacernent,
a entraîné et dispersé les êtres organisés
qui font l’objét de nos recherches et celui de notre
étonnement.
En effet, tout ce qui était doué de la vie végétative
, ayant succombé dans ce terrible désastre , l’on
trouve presque partout, tantôt des troncs entiers de
palmiers et autres arbres exotiques, qui ne croissent
que dans des climats chauds, déposés au milieu
des terres glacées, ou sous des zones où ces arbres
ne sauraient vivre ; tantôt des multitudes d’empreintes
, de fougères , de roseaux, de feuilles
de palmiers, et autres plantes de plusieurs espèces.
Des bois ont été réunis et sont accumulés en si
grande abondance, dans quelques cas, qu’on en
connaît des dépôts qui occupent, sans interruption,
des espaces qui se prolongent à plusieurs lieues,
sur une épaisseur quelquefois très-considérable ;
ces amas de végétaux formés de troncs d’arbres ,
de racines, de branches, de tiges et de feuilles,
brisés, comprimés et en partie convertis en terreaux,
sont souvent recouverts de plusieurs couches
de marnes, de glaises , ou de cailloux roulés , qui
caractérisent le genre de révolution qui a pu.
produire d’aussi terribles déplacements, et ici la
mer montre de toute part les effets de sa puissance
et de ses déplacements.
Il paraît qu’à une époque beaucoup plus reculée
, des bois et des restes d’animaux ont été
ensevelis d’une manière moins tumultueuse , à