niaient des bancs de plusieurs lieues de longueur ,
entièrement composés des mêmes coquilles.
Je pourrais citer cent exemples de ces familles
de coquilles réunies , particulièrement dans la
classe des huitres, dont les espèces sont si nombreuses
et si multipliées : on les trouve à de grandes
distances de la mer , formant encore des amas
de plusieurs toises d’épaisseur , et occupant des
lieues entières ; et ce qu’il y a de plus digne de
remarque , c’est que la plupart de ces huîtres
ont appartenu à des mers différentes de celles qui
baignent u nos continents actuels.
S- IX.
Saussure, dans son Agenda ou Tableau général
des observations et recherches, dont les
résultats doivent servir de base à la théorie de
la terre, a énoncé, dans le chapitre 17, n°. 7,
les propositions suivantes : a constater s’il y a des
» coquillages fossiles, qui se trouvent dans les mon-
)> tagnes les plus anciennes , et non dans celles
b d’une formation plus récente , et classer ainsi, s’il
)> est possible, les âges relatifs, et les époques des
)> apparitions des différentes espèces. »
Cette question est grande , mais difficile à résoudre
dans l’état actuel de nos connaissances sur
les coquilles fossiles, comparées aux coquilles naturelles.
C’est une étude qui commence, et ce n’est que
depuis qu’ on a senti tout le parti que la science pouvait
tirer de ces corps organisés, qui sont là comme
autant de témoins de grands évènements , qu’on
s’en occupe avec zèle ; mais la connaissance exacte
et positive de ces beaux faits , ne peut s’acquérir
qu’avec le temps. Les recherches en ce genre sont
si difficiles, elles exigent un si grand concours de
circonstances, tant de voyages, tant de dépenses,
qu’il n’y a qu’un très-petit nombre d’hommes passionnés
pour cette science, qui ayent eu le courage
de s’ y livrer, et ce ne sera que lorsqu’on aura épuisé
la minéralogie , que les regards du plus grand
nombre se porteront sur cette masse de faits, que
je considère comme un des leviers les plus puissants
de la Géologie. C’est alors qu’il sera possible
peut-être de donner une solution heureuse du problème
proposé par Saussure.
Mais un fait qui rentre dans les mêmes vues,
et que chaque naturaliste peut vérifier, est celui
qui tient à la structure des montagnes calcaires,
formées de pierres dures , et dans l’intérieur desquelles
on trouve des cornes d’ammon , des nautiles
et des térébratules, ou du moins les noyaux
bien caractérisés de ces divers corps marins , qui
paraissent habiter la profondeur des mers.
Eh bien, quelques - unes de ces montagnes ont
leurs bancs percés par des pholades , et souvent
par le my tilus litofagus L inn. , vulgairement la
date de mer : or, comme les molusqu es rongeurs,
qui habitent ces coquilles, se nichent de préférence
dans les pierres les plus dures , et jamais dans
les gables ou dans les vases, il paraît évident que