l’homme lui-même , de l’ossification de plusieurs
parties cartilagineuses.
La planche n , que j’invite le lecteur à prendre
en considération, est très-remarquable , en ce que
les trois crânes de rhinocéros bicornes qui y sont
figurés , offrent , pour ainsi dire , la gradation
et les passages de cette ossification plus ou moins
avancée.
La fig. 2, représente le crâne fossile du cabinet
de Manheim ; il a déjà les deux tiers de la cloison
ossifiée , et l’ossification s’est faite , en partant de
la courbure en bec qui termine l’extrémité de la
tête ; le reste , qui était encore cartilagineux,
s’est détruit et a formé le vide qu’on y remarqué.
La fig. 1 est l’image de la tête fossile du cabinet
du landgrave de Hesse-Darmstadt ; l ’ossification de
la cloison nasale est un peu plus avancée que dans
la précédente ; mais elle a ceci de remarquable ,
c’est qu’elle s’est formée des deux côtés, c’est à-
dire du côté du bec, et dans la partie opposée, de
manière que la matière cartilagineuse , qui n’était
pas encore ossifiée et qui s’est détruite , offre une
ouverture irrégulière placée presque au centre de
la cloison.
La fig. 5 offre l’une des tètes de rhinocéros bicornes
de Sibérie ; la cloison dans celle-ci est pres-
qu’entièrement ossifiée , et ne laisse plus appér-
cevoir qu’une très-petite ouverture oblique, qui
est là comme un témoin des progrès graduels de
l ’ossification.
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îl me paraît, d’après cela, qu’on ne saurait se
refuser raisonnablement à considérer ces trois têtes
comme ayant appartenu à une espèce de rhinocéros
analogue à celle d’Afrique. Cette cloison ossifiée ,
sur laquelle on s’appuie, en quelque sorte , pour
établir une différence caractéristique , nous paraît
être au contraire un résultat nécessaire de l’organisation
de l’animal à mesure qu’il avance en âge ,
et il doit en être de même de l’allongement de sa
tête j nous avons vu que les dents de rhinocéros,
soit de 1 espece d’Asie , soit de celle d’Afrique ,
sont sujètes à varier en raison de l’âge; or
elles ne peuvent guère augmenter en nombre
sans que les os maxillaires qui les reçoivent, n’éprouvent
une sorte d’allongement ; mais-, comme
dans l ’espèce africaine , les doubles défenses, dont
la tête est armée, passent aussi par différents degrés
d’accroissement , puisqu’ on en voit dans les cabinets
qui sont d’un grand volume, il doit résulter
nécessairement de leur arrangement sur la même
ligne , ( car elles sont en face l’iihe de l’autre j que
leur grandeur ne saurait augmenter, sans que la
table qui leur sert d’appui ne s’allonge : mais
comme la principale de ces défenses , la corne
nasale , se trouve vers l’extrémité de la tête
et dans le prolongement osseux disposé en manière
de bec , cette partie serait beaucoup trop faible
pour supporter un si grand poids , si la nature
n’avait eu soin d’y suppléer par l’ossification de
la cloison cartilagineuse , qui forme alors un ar>™
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